{"id":12450,"date":"2024-03-15T12:27:13","date_gmt":"2024-03-15T11:27:13","guid":{"rendered":"https:\/\/ecclesiola.fr\/?post_type=ctc_sermon&p=12450"},"modified":"2024-03-15T12:27:13","modified_gmt":"2024-03-15T11:27:13","slug":"homelie-du-frere-gilles-herve-masson-5eme-dimanche-de-careme-annee-a","status":"publish","type":"ctc_sermon","link":"https:\/\/ecclesiola.fr\/multimedia\/homelie-du-frere-gilles-herve-masson-5eme-dimanche-de-careme-annee-a\/","title":{"rendered":"Hom\u00e9lie du fr\u00e8re Gilles-Herv\u00e9 Masson – 5\u00e8me dimanche de car\u00eame Ann\u00e9e A"},"content":{"rendered":"
Fr\u00e8res et s\u0153urs, chers amis, nous y voici enfin : 5e dimanche de car\u00eame. Encore un tout petit peu de temps et nous entrerons, avec le Seigneur, \u00e0 J\u00e9rusalem. Et ce troisi\u00e8me dimanche nous donne l\u2019occasion de vivre, encore une fois, une tr\u00e8s grande rencontre avec le Seigneur J\u00e9sus.<\/p>\n
Il s\u2019\u00e9tait pr\u00e9sent\u00e9 \u00e0 la Samaritaine comme celui qui peut faire jaillir en chacun et en chacune \u00ab une source d\u2019eau jaillissant en vie \u00e9ternelle \u00bb. Il s\u2019\u00e9tait pr\u00e9sent\u00e9 \u00e0 elle comme quelqu’un qui peut lib\u00e9rer notre int\u00e9riorit\u00e9, nous rendre la f\u00e9condit\u00e9 que nous avons vocation \u00e0 honorer, la f\u00e9condit\u00e9 d\u2019\u00eatre n\u00e9s pour \u00eatre des \u00eatres d\u2019alliance, des \u00eatres de communion, des \u00eatres \u2014 disons le mot, si pr\u00e9cieux, qui est au c\u0153ur de tout \u2014 des \u00eatres d\u2019amour.<\/p>\n
La semaine derni\u00e8re, nous nous \u00e9tions arr\u00eat\u00e9s et nous avions m\u00e9dit\u00e9 sur le dialogue entre J\u00e9sus et l\u2019aveugle-n\u00e9. J\u00e9sus se pr\u00e9sentait alors comme celui qui vient nous apporter la lumi\u00e8re que Dieu veut nous donner. Cette lumi\u00e8re qui peut se traduire tout simplement par un regard lucide et clair sur le monde, sur les autres, sur nous-m\u00eames. Cette lumi\u00e8re qui peut aussi se traduire par un regard int\u00e9rieur, intelligent, sur le Myst\u00e8re profond du Seigneur J\u00e9sus, et ce Myst\u00e8re, plus profond encore, qui se tient en arri\u00e8re de lui : le Myst\u00e8re du P\u00e8re, dont le Seigneur, comme nous le disions, est le visage visible et la voix audible, tandis que le P\u00e8re reste cach\u00e9. Et nous avions d\u00e9j\u00e0 pris go\u00fbt de noter, \u00e0 ce moment-l\u00e0, la d\u00e9licatesse du Seigneur qui vient donner \u00e0 l\u2019aveugle part \u00e0 la lumi\u00e8re et qui, dans le moment m\u00eame o\u00f9 il rend la vue \u00e0 l\u2019aveugle, s\u2019efface comme pour indiquer la source dont lui-m\u00eame proc\u00e8de. J\u00e9sus est la lumi\u00e8re du monde mais cette lumi\u00e8re, il ne pr\u00e9tend pas la d\u00e9tenir \u00e0 lui seul, il la re\u00e7oit d\u2019un autre, Celui qu\u2019il appelle \u00ab son P\u00e8re \u00bb. Et son P\u00e8re lui donne cette lumi\u00e8re pour que nous <\/em>la recevions par son entremise et que, \u00e0 notre tour, nous devenions lumi\u00e8re pour nos fr\u00e8res et s\u0153urs en humanit\u00e9.<\/p>\n Et aujourd\u2019hui, nous avons ce grand moment qui, de quelque mani\u00e8re, nous conduit vraiment au coeur de ce qui va faire l\u2019objet des c\u00e9l\u00e9brations pascales. Les c\u00e9l\u00e9brations pascales sont un myst\u00e8re de Passion, mort et r\u00e9surrection. On aura tr\u00e8s longuement le temps d\u2019y revenir. Mais sans doute que l\u2019un des mots importants c\u2019est celui de \u00ab mort \u00bb. Aujourd\u2019hui, la rencontre que nous voyons, \u00e0 laquelle nous assistons, c\u2019est la rencontre entre le Seigneur et la mort, en l\u2019occurrence d\u2019ailleurs, la mort de son ami. C\u2019est un tr\u00e8s beau titre que celui-l\u00e0 pour Lazare, il est \u00ab l\u2019ami du Seigneur \u00bb. L\u2019archidioc\u00e8se de Marseille est d\u2019ailleurs plac\u00e9 sous le patronage de \u00ab Lazare, ami du Ressuscit\u00e9 \u00bb. Au moment o\u00f9 nous le rencontrons, J\u00e9sus n\u2019a pas encore travers\u00e9 la mort, il marche vers J\u00e9rusalem, mais cette \u00e9tape qui nous est relat\u00e9e au chapitre 11e est absolument d\u00e9cisive.<\/p>\n Alors oui, nous allons contempler J\u00e9sus qui est, comme il le dit aux s\u0153urs de Lazare, \u00ab la r\u00e9surrection et la vie \u00bb ; il est celui qui a le pouvoir de donner la vie \u00e0 ceux et celles qui croient en lui. Mais dans un premier temps il faut bien traverser toutes les \u00e9paisseurs de cette page.<\/p>\n Tout d\u2019abord, il y a le fait que l\u2019on fait porter \u00e0 J\u00e9sus la nouvelle que Lazare n\u2019est pas bien \u2014 on pourrait dire, est au plus mal. Et pourtant J\u00e9sus prend son temps. J\u2019imagine que, comme moi, vous vous serez fait la r\u00e9flexion qu\u2019on retrouve l\u00e0 un th\u00e8me qu\u2019on a abord\u00e9 la semaine derni\u00e8re lorsque J\u00e9sus dit : \u00ab Cette maladie ne conduit pas \u00e0 la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que, par elle, le Fils de Dieu soit glorifi\u00e9. \u00bb La semaine derni\u00e8re lorsque qu\u2019il voyait l\u2019aveugle qui \u00e9tait l\u00e0 et que d\u2019aucuns se demandaient si cette c\u00e9cit\u00e9 \u00e9tait le fruit d\u2019un p\u00e9ch\u00e9 quelconque, de l\u2019aveugle ou de ses parents ou de je ne sais qui \u2026 J\u00e9sus r\u00e9pondait : Non, l\u00e0 n\u2019est pas la question ! Cet homme est l\u00e0 pour b\u00e9n\u00e9ficier du bien que Dieu lui veut et du bien que chacun chacune peut lui faire. Ainsi donc J\u00e9sus laisse faire les choses, laisse les choses se d\u00e9rouler, il prend son temps avant de prendre le risque de retourner dans une zone dangereuse pour lui puisque, peu de temps auparavant \u2014 on le lui rappelle \u2014 ses d\u00e9tracteurs \u00ab cherchaient \u00e0 le lapider \u00bb. J\u00e9sus est bien conscient du rendez-vous qu\u2019il a : \u00ab Lazare, notre ami, s\u2019est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil.\u2019\u2019 Les disciples lui disent alors : \u201c Seigneur, s\u2019il s\u2019est endormi, il sera sauv\u00e9.\u2019\u2019 \u00bb Il y a l\u00e0 un malentendu et J\u00e9sus doit pr\u00e9ciser : \u00ab Lazare est mort \u00bb. Et en pr\u00e9cisant cela, il revient sur cette occasion de faire le bien et de rendre gloire \u00e0 Dieu : \u00ab Je me r\u00e9jouis de n\u2019avoir pas \u00e9t\u00e9 l\u00e0, \u00e0 cause de vous, pour que vous croyiez. \u00bb J\u00e9sus va \u00e0 la fois poser un geste de bien en relevant Lazare, il va aussi poser un geste extraordinairement fort \u00e0 destination de tous ceux et celles qui vont en \u00eatre t\u00e9moins pour, justement, manifester qu\u2019il est le ma\u00eetre de la vie.<\/p>\n Avant de poser ce geste toutefois, il me semble qu\u2019il faut faire droit \u00e0 deux choses. La premi\u00e8re : ce qui attend J\u00e9sus \u00e0 B\u00e9thanie, c\u2019est bien s\u00fbr Lazare qui est mort, mais ce sont surtout les deux soeurs de Lazare qui sont dans le d\u00e9sarroi, qui sont dans la tristesse, qui sont dans le chagrin de la s\u00e9paration. Et l\u2019une comme l\u2019autre, Marthe comme Marie, dira au Seigneur : \u00ab Si tu avais \u00e9t\u00e9 l\u00e0, mon fr\u00e8re ne serait pas mort. \u00bb Cela sonne bien \u00e9videmment comme, au moins un regret, peut-\u00eatre m\u00eame un reproche. Si le Seigneur, lui, sait ce qu\u2019il fait, ceux qui sont autour sont \u00e0 la peine. Et c\u2019est une premi\u00e8re chose qu\u2019il me pla\u00eet de souligner : le Seigneur vient au-devant de nos tristesses, de nos chagrins, de nos angoisses devant la mort. Il vient au-devant de notre d\u00e9sarroi, il vient au-devant de nos larmes. Et aussi bien, il va interroger Marthe dans un dialogue assez court mais quand m\u00eame assez saisissant. Lorsque Marthe lui exprime ce regret qui est peut-\u00eatre un reproche : \u00ab Seigneur, si tu avais \u00e9t\u00e9 ici, mon fr\u00e8re ne serait pas mort. \u00bb Mais malgr\u00e9 tout, Marthe a quand m\u00eame dans son c\u0153ur une pierre d\u2019attente d\u2019esp\u00e9rance : \u00ab Mais, maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas \u00e0 Dieu, Dieu te l\u2019accordera. \u00bb Elle est munie de cette foi-l\u00e0 Marthe, elle croit que le Seigneur peut obtenir l\u2019impossible.<\/p>\n J\u00e9sus dit ensuite quelque chose pour le moins \u00e9trange : \u00ab Ton fr\u00e8re ressuscitera. \u00bb Cela peut sonner comme une esp\u00e8ce de g\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 assez vague, une promesse\u2026 mais qui se perd dans les lointains d\u2019un futur incertain. Et Marthe reprend : \u00ab Bien s\u00fbr, je sais qu\u2019il ressuscitera \u00e0 la r\u00e9surrection, au dernier jour. \u00bb C\u2019est tr\u00e8s loin on ne sait pas quand\u2026 D\u2019ailleurs on ressuscitera tous ensemble\u2026 Et J\u00e9sus de r\u00e9pondre \u00e0 cette remarque de Marthe, en se posant devant elle, dans toute l\u2019intensit\u00e9 de sa personne : \u00ab Moi, je suis la r\u00e9surrection et la vie. \u00bb J\u00e9sus ne fait pas un long discours pour la consoler, il se propose lui-m\u00eame \u00e0 son assentiment de foi, il va lui tenir des propos que, certainement dans l\u2019instant, elle ne peut pas comprendre : \u00ab Celui qui croit en moi, m\u00eame s\u2019il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? \u00bb Et Marthe de r\u00e9pondre : \u00ab Oui, Seigneur je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. \u00bb<\/p>\n Oui, le Seigneur vient au-devant de nos d\u00e9sarrois. Il vient solliciter notre foi, notre foi-confiance, en la puissance qui est en lui, dans le don qu\u2019il vient nous faire. Jean le dira ailleurs : \u00ab Je suis venu pour qu\u2019ils aient la vie et qu\u2019ils l\u2019aient en pl\u00e9nitude. \u00bb (Jn 10,10) Mais avoir la vie, avoir la vie en pl\u00e9nitude, cela ne nous garantit pas de faire l\u2019\u00e9conomie de la mort. Il nous faut la traverser et le Seigneur se propose de la traverser avec nous. Lorsque je dis que le Seigneur vient au-devant de nos d\u00e9sarrois, c\u2019est tellement vrai que, au c\u0153ur de la Passion, lorsqu\u2019il sera sur la croix, ce sera \u00e0 son tour de conna\u00eetre tout le d\u00e9sarroi que peut provoquer la mort : \u00ab Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m\u2019as-tu abandonn\u00e9 ? \u00bb (Ps 22). On pourrait traduire, en paraphrasant un peu ce que disent Marthe et Marie: \u00ab Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi n\u2019es-tu pas l\u00e0 au moment o\u00f9 j\u2019ai besoin de toi ? \u00bb<\/p>\n Le Seigneur vient plonger au c\u0153ur de nos tristesses et parfois de nos d\u00e9sesp\u00e9rances, lorsque nous pensons que tout est tellement bien fini qu\u2019il n\u2019y aura pas de retour en arri\u00e8re. Nous avons certainement tous et toutes entendu, ou peut-\u00eatre murmur\u00e9, lors de la disparition de quelqu\u2019un, du d\u00e9c\u00e8s d\u2019une personne : \u00ab Je ne le verrai plus jamais, je ne la verrai plus jamais. \u00bb R\u00e9flexion qu\u2019on se fait toujours, r\u00e9flexion qui dit notre solitude, la morsure de la solitude dans la s\u00e9paration. J\u00e9sus vient apporter le salut au c\u0153ur pr\u00e9cis\u00e9ment de cette s\u00e9paration et de cette solitude qui para\u00eet la plus invincible, la plus sans retour et qui est celle de la mort.<\/p>\n Alors le r\u00e9cit se poursuit, et J\u00e9sus \u2014 c\u2019est une deuxi\u00e8me chose que je voulais noter \u2014 se laisse gagner par l\u2019\u00e9motion qui entoure la mort de Lazare. Lui aussi, il est triste, il est triste de la tristesse des autres comme il est triste de sa propre tristesse ; lui aussi il a perdu son ami, lui aussi il pleure son ami. Et ses larmes paraissent tellement sinc\u00e8res que les gens ne peuvent pas ne pas les remarquer : \u00ab Voyez comme il l\u2019aimait. \u00bb<\/p>\n Vient le moment \u2014 c\u2019est la derni\u00e8re partie de cette page d\u2019\u00e9vangile \u2014 o\u00f9 le Seigneur va au tombeau, et demande \u00e0 ce qu\u2019on roule la pierre. Demande assez surprenante ! Marthe, avec beaucoup de sens pratique, lui dit : \u00ab Mais\u2026 Seigneur, \u00e7a fait quatre jours qu\u2019il est l\u00e0, il sent d\u00e9j\u00e0. \u00bb C\u2019est-\u00e0-dire que la mort a bien fait son \u0153uvre. Il n\u2019est pas dans un \u00e9tat de catalepsie ou un endormissement profond. Non, non ! On parle bien d\u2019une \u00ab mort \u00bb. Tant et si bien qu\u2019il a d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9 de se d\u00e9faire. Et \u00e0 l\u2019objection, ou \u00e0 la remarque, de Marthe, J\u00e9sus reprend son propos de poser un signe, un geste si fort : \u00ab Ne te l\u2019ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. \u00bb Le Seigneur s\u2019appr\u00eate \u00e0 relever Lazare. Oh ! bien s\u00fbr, ce n\u2019est pas encore la r\u00e9surrection que lui-m\u00eame bient\u00f4t conna\u00eetra apr\u00e8s avoir travers\u00e9 la nuit de la mort. Le Seigneur ouvrira alors une br\u00e8che nouvelle dans la mort. Ici, Lazare est relev\u00e9, il est rendu \u00ab \u00e0 sa vie d\u2019avant \u00bb si l\u2019on peut dire.<\/p>\n Et J\u00e9sus, conform\u00e9ment \u00e0 ce qu\u2019il a annonc\u00e9, entre en dialogue avec son P\u00e8re : une action de gr\u00e2ce. Une action de gr\u00e2ce, vous l\u2019avez entendue comme moi, parce qu\u2019il \u00ab a \u00e9t\u00e9 exauc\u00e9 \u00bb. Il n\u2019a aucune esp\u00e8ce de doute sur ce qui va se produire. J\u00e9sus sait que, effectivement \u2014 et Marthe l\u2019avait dit tout de suite \u2014 J\u00e9sus sait que le P\u00e8re l\u2019exauce toujours, J\u00e9sus sait que le P\u00e8re peut lui offrir et, par lui, \u00e0 nous, l\u2019impossible ou l\u2019inesp\u00e9r\u00e9. Alors \u00ab pour la foule \u00bb qui est l\u00e0, pour ceux et celles qui en sont les t\u00e9moins, il va s\u2019adresser \u00e0 son ami avec ses mots que nous connaissons bien : \u00ab Lazare viens dehors ! \u00bb Si j\u2019osais, je vous sugg\u00e8rerais \u00e0 la lecture de cette page d\u2019\u00e9vangile (et je ne l\u2019ai pas fait dans la proclamation que j\u2019ai enregistr\u00e9e tout \u00e0 l\u2019heure), si j\u2019osais, je vous dirais de prononcer ces mots tr\u00e8s tr\u00e8s fort. Il faut que le Seigneur \u00e9l\u00e8ve la voix pour rejoindre celui qui est d\u00e9j\u00e0 s\u00e9par\u00e9 du monde des vivants. Et l\u2019incroyable se produit : \u00ab Le mort sortit, les pieds et les mains li\u00e9s par des bandelettes, le visage envelopp\u00e9 d\u2019un suaire.\u00bb La fin de cette page est extraordinairement simple. J\u00e9sus dit simplement : \u00ab D\u00e9liez-le, et laissez-le aller. \u00bb<\/p>\n Plus \u00e9tonnant. Aujourd\u2019hui, on s\u2019arr\u00eate \u00e0 ce verset : \u00ab Beaucoup de Juifs, qui \u00e9taient venus aupr\u00e8s de Marie et avaient donc vu ce que J\u00e9sus avait fait, crurent en lui. \u00bb Mais nous savons aussi que c\u2019est un peu le signe de puissance \u00ab de trop \u00bb\u2026 celui o\u00f9 J\u00e9sus se r\u00e9v\u00e8le capable de relever les morts. Et cela va aussi sceller son sort. \u00c0 ce moment-l\u00e0, il y a tout un groupe de ses d\u00e9tracteurs qui vont d\u00e9cider que trop c\u2019est trop et qu\u2019on ne peut pas laisser J\u00e9sus continuer \u00e0 op\u00e9rer de la sorte, \u00e0 impressionner les gens, \u00e0 les impressionner tant et si bien qu\u2019il peut les mettre en possession d\u2019une esp\u00e9rance inou\u00efe : l\u2019esp\u00e9rance de pouvoir vaincre la mort par la vie, comme on peut vaincre la haine par l\u2019amour.<\/p>\n Fr\u00e8res et s\u0153urs, c\u2019est notre dernier dimanche avant d\u2019entrer dans la Semaine sainte. D\u2019abord par la c\u00e9l\u00e9bration des Rameaux, et ensuite en plongeant graduellement dans le Myst\u00e8re de la Passion, mort, r\u00e9surrection du Seigneur ; en traversant successivement le Jeudi, le Vendredi, le Samedi saints, la sainte Nuit de P\u00e2ques, et enfin le dimanche de la R\u00e9surrection.<\/p>\n Comme Marthe et comme Marie, et comme tous ceux qui pleurent Lazare, laissons le Seigneur visiter nos d\u00e9solations, peut-\u00eatre nos doutes, peut-\u00eatre nos d\u00e9sesp\u00e9rances ; laissons le Seigneur visiter aussi nos douleurs, si d\u2019aventure nous avons fait l\u2019exp\u00e9rience d\u2019un deuil r\u00e9cent.<\/p>\n En nous conduisant au tombeau de Lazare, aujourd\u2019hui, l\u2019\u00e9vang\u00e9liste Jean nous pr\u00e9pare tr\u00e8s directement \u00e0 affronter ce grand myst\u00e8re de notre vie, qui est celui de notre extinction. Jean nous redit, comme il le fait \u00e0 l\u2019envie, que nous ne sommes pas des \u00eatres pour la mort<\/em>, mais que nous sommes bel et bien des \u00eatres pour la vie<\/em>.<\/p>\n J\u2019aime bien citer ici, en concluant, ces mots que nous pronon\u00e7ons dans les pri\u00e8res de la messe pour les d\u00e9funts, dans la Pr\u00e9face : \u00ab Pour ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n\u2019est pas d\u00e9truite, elle est transform\u00e9e, et si la loi de la mort nous afflige, la promesse de la r\u00e9surrection nourrit notre esp\u00e9rance. \u00bb<\/p>\n Accueillons cette esp\u00e9rance, laissons-nous visiter par un Seigneur J\u00e9sus qui d\u00e9cid\u00e9ment ne se tient pas loin de nous, mais fait sien, profond\u00e9ment, tous nos doutes, nos questions, toutes nos d\u00e9sesp\u00e9rances, tous nos d\u00e9sarrois. Il les fait vraiment siens, pour que, en lui, nous puissions les vaincre par l\u2019Esp\u00e9rance qu\u2019il d\u00e9pose dans notre c\u0153ur. AMEN<\/p>\n