D\u2019ordinaire, c\u2019est sur le parvis de nos \u00e9glises que nous entendons ce texte inaugural de la liturgie des Rameaux. C\u2019est un texte pour les \u00ab\u00a0profanes\u00a0\u00bb. Fanum<\/em> veut dire \u00ab\u00a0temple\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0lieu sacr\u00e9\u00a0\u00bb, et les profanes<\/strong>, ce sont ceux qui sont devant le temple, \u00ab\u00a0hors du temple\u00a0\u00bb<\/strong>.<\/p>\n Chaque ann\u00e9e, une foule de \u00ab\u00a0profanes\u00a0\u00bb vient rejoindre la communaut\u00e9 des dimanches ordinaires pour proclamer, rameaux \u00e0 la main, \u00ab\u00a0Hosanna, Hosanna\u00a0!\u00a0\u00bb<\/strong><\/em> qui veut dire \u00ab sauve-nous \u00bb ou plus \u00e9l\u00e9gamment avec les paroles du psaume :<\/p>\n Comment ne pas r\u00e9aliser en cette p\u00e9riode du coronavirus que nous sommes tous \u00ab\u00a0profanes\u00a0\u00bb, hors du temple. Nous devenons dans nos lieux de confinement un parvis invisible \u00e0 la dimension plan\u00e9taire qui \u00e9coute ce passage d\u2019\u00e9vangile et esp\u00e8re le Salut.<\/p>\n Les gens du \u00ab\u00a0parvis\u00a0\u00bb, ces \u00ab\u00a0enfants naturels de l\u2019Eglise\u00a0\u00bb tiennent en main les rameaux \u00ab\u00a0comme on s\u2019accroche aux branches\u00a0\u00bb et ne comprennent pas quand ils viennent demander une b\u00e9n\u00e9diction en ce jour de f\u00eate qu\u2019on leur r\u00e9ponde que c\u2019est une superstition.<\/p>\n Peut-\u00eatre que cette ann\u00e9e, tous les gardiens du temple, les consacr\u00e9s qui ont \u00e9t\u00e9 agac\u00e9s les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes de voir tous ces pauvres rappliquer comme la foule aux portes de J\u00e9rusalem, auront la nostalgie de les savoir si seuls, si loin dans leur mis\u00e8re et leur solitude.<\/p>\n Cette entr\u00e9e de J\u00e9sus \u00e0 J\u00e9rusalem<\/strong> est associ\u00e9e par la liturgie au d\u00e9but de la semaine sainte, comme une clef de lecture<\/strong> du drame de la Passion, du quiproquo sur la messianit\u00e9 de J\u00e9sus, sur sa proposition de Salut.<\/p>\n Teilhard de Chardin, dans \u00ab\u00a0La messe sur le monde\u00a0\u00bb<\/em>, nous rappelle que depuis l\u2019entr\u00e9e de J\u00e9sus dans notre histoire, dans le temple sacr\u00e9 de nos existences, plus rien n\u2019est profane, tout est sacr\u00e9<\/strong>.<\/p>\n Relisons ce texte en faisant de Bethphag\u00e9 et de J\u00e9rusalem la g\u00e9ographie symbolique<\/strong> de notre lectio divina domestique<\/strong>.<\/p>\n Puissions-nous dans nos maisons faire le chemin de Bethphag\u00e9 \u00e0 J\u00e9rusalem<\/strong>, c\u2019est \u00e0 dire consentir \u00e0 accueillir la Parole de Dieu<\/strong> comme une sagesse qui nous apprend \u00e0 vivre en paix avec nous-m\u00eames, avec Dieu et avec les autres.<\/p>\n Tout ce texte d\u2019\u00e9vangile est comme le prologue<\/strong> pour pr\u00e9parer l\u2019entr\u00e9e de J\u00e9sus dans le temple. St Mathieu nous d\u00e9crit comment J\u00e9sus, avec une certaine autorit\u00e9, prend en main son destin et entre dans la ville Sainte avec son cort\u00e8ge de disciples, mont\u00e9 sur un \u00e2non, \u00e9voquant ainsi le proph\u00e8te Zacharie :<\/p>\n C\u2019est d\u00e9j\u00e0 le Messie des pauvres, le<\/strong> serviteur souffrant<\/strong> qui est ainsi \u00e9voqu\u00e9, celui qu\u2019on rev\u00eatira d\u2019un manteau pourpre et d\u2019une couronne d\u2019\u00e9pines pour le ridiculiser et le faire moquer. Ce cort\u00e8ge royal a quelque chose de path\u00e9tique et c\u2019est probablement pour cela que la liturgie de l\u2019Eglise en donne lecture au d\u00e9but de la P\u00e2que alors m\u00eame que l\u2019\u00e9v\u00e9nement en tant que tel a plut\u00f4t eu lieu \u00e0 l\u2019automne, \u00e0 la f\u00eate des Soukkot<\/em>, la f\u00eate des Tentes.<\/p>\n Peut-\u00eatre pourrions-nous, pour nous associer \u00e0 ce cort\u00e8ge des mendiants du Salut de Dieu, cueillir un rameau<\/strong> dans notre jardin ou dans la rue voisine… ou, si nous n\u2019en avons pas, le dessiner sur une feuille de papier, et le d\u00e9poser pr\u00e8s de notre coin pri\u00e8re en murmurant :<\/p>\n A coup s\u00fbr, cette pri\u00e8re des pauvres fera de chacun de nous de vraies sentinelles d\u2019Esp\u00e9rance<\/strong> et sera une vraie b\u00e9n\u00e9diction pour tous nos proches, vivants ici bas ou d\u00e9j\u00e0 dans l\u2019\u00e9ternit\u00e9.<\/p>\n Une petite phrase anodine peut retenir en ce temps de confinement notre attention\u00a0:<\/p>\n On est en droit de se demander pourquoi<\/strong> le Seigneur en avait besoin. L\u2019\u00e2nesse et son \u00e2non sont des b\u00eates de somme que le Seigneur fait d\u00e9tacher. Nous aussi, nous \u00e9tions comme des b\u00eates de somme attach\u00e9es \u00e0 nos activit\u00e9s, nos habitudes, nos agendas. Et voici qu\u2019au d\u00e9but de la semaine sainte, avec tous ceux et celles qui se demandent \u00e0 quoi ils servent, ce qu\u2019ils peuvent faire, le Seigneur nous dit qu\u2019il a besoin de nous pour rentrer \u00e0 J\u00e9rusalem et vivre sa P\u00e2que.<\/p>\n \u00ab\u00a0Ce qui est inou\u00ef,<\/strong><\/em> disait un th\u00e9ologien, ce n\u2019est pas que nous puissions ne rien faire sans Dieu, mais plut\u00f4t que Dieu ne veuille rien faire sans nous\u00a0<\/strong>!\u00a0\u00bb<\/em>, m\u00eame pas sa passion\u00a0!<\/p>\n Cette P\u00e2que 2020<\/strong> que le Seigneur d\u00e9sire partager avec nous, m\u00eame en dehors de nos \u00e9glises et de nos temples, est une P\u00e2que o\u00f9 il a besoin de nous<\/strong>, plus que jamais.<\/p>\n St Fran\u00e7ois d\u2019Assise appelait son corps \u00ab fr\u00e8re \u00e2ne \u00bb comme pour dire que nous sommes appel\u00e9s \u00e0 porter le Christ sur nos \u00e9paules l\u00e0 o\u00f9 nous sommes confin\u00e9s.<\/p>\n Comment ne pas \u00e9voquer en guise de m\u00e9ditation le beau texte du cardinal Roger Etchegaray relu \u00e0 ses obs\u00e8ques\u00a0:<\/p>\n C\u2019est en voyant l\u2019Eglise porter le Christ<\/strong>, m\u00eame en terre profane, \u00ab doux et humble de c\u0153ur \u00bb (Mt 11, 29), dont \u00ab le joug est facile \u00e0 porter et le fardeau l\u00e9ger \u00bb (Mt 11,30), que nos contemporains pourront dire comme dans l\u2019Evangile \u00ab Qui est cet homme ? \u00bb (Mt 21, 10) et les foules r\u00e9pondront :<\/p>\n Chaque ann\u00e9e, une foule de \u00ab\u00a0profanes\u00a0\u00bb vient rejoindre la communaut\u00e9 des dimanches ordinaires pour proclamer, rameaux \u00e0 la main, \u00ab\u00a0Hosanna, Hosanna\u00a0!\u00a0\u00bb qui veut dire \u00ab sauve-nous \u00bb ou plus \u00e9l\u00e9gamment avec les paroles du psaume : \u00ab Seigneur donne, donne le Salut ! \u00bb (Ps 117, 25)\u00ab Seigneur donne, donne le Salut ! \u00bb (Ps 117, 25)<\/h6>\n
Entr\u00e9e \u00e0 J\u00e9rusalem<\/h4>\n
\n
\u00ab J\u00e9rusalem, ton roi vient \u00e0 toi plein de douceur et mont\u00e9 sur un \u00e2non \u00bb (Za 9,9)<\/h6>\n
\u00ab B\u00e9ni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !
\nHosanna !
\nDonne-nous, oui donne-nous ton Salut,
\net fais de notre semaine une vraie semaine sainte ! \u00bb<\/h6>\nLe Seigneur a besoin de nous<\/h4>\n
\u00ab Le Seigneur en a besoin \u00bb (Mt 21, 3)<\/h6>\n
Porter le Christ<\/h4>\n
\u00ab J\u2019avance comme l\u2019\u00e2ne de J\u00e9rusalem dont le Messie, un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique.
\nJe ne sais pas grand chose, mais je sais que je porte le Christ sur mon dos\u2026 je Le porte, mais c\u2019est Lui qui me m\u00e8ne.
\nJ\u2019avance \u00e0 petits pas, mais je sais qu\u2019Il me conduit et j\u2019ai confiance.
\nJ\u2019avance en silence et je L\u2019\u00e9coute m\u00eame si je ne comprends pas tout.
\nJ\u2019avance dans la joie. Quand je veux chanter ses louanges, je fais un boucan de tous les diables parce que je chante faux.
\nLui alors, Il rit de bon c\u0153ur d\u2019un rire qui transforme les orni\u00e8res en piste de danse et mes sabots en sandales de vent.
\nCe jour-l\u00e0, je vous le jure, on en fait du chemin.
\nJ\u2019avance comme un \u00e2ne qui porte le Christ sur son dos. \u00bb<\/h6>\n\u00ab C\u2019est le proph\u00e8te J\u00e9sus de Nazareth \u00bb (Mt 21, 11)<\/h6>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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