{"id":7803,"date":"2020-11-13T18:47:59","date_gmt":"2020-11-13T17:47:59","guid":{"rendered":"https:\/\/ecclesiola.fr\/?post_type=ctc_sermon&p=7803"},"modified":"2020-11-27T23:37:53","modified_gmt":"2020-11-27T22:37:53","slug":"ca-parabolise","status":"publish","type":"ctc_sermon","link":"https:\/\/ecclesiola.fr\/multimedia\/ca-parabolise\/","title":{"rendered":"Ca parabolise!"},"content":{"rendered":"

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(Texte tir\u00e9 du livre\u00a0 \u00ab Mettre sa vie en paraboles \u00bb Ed Fid\u00e9lit\u00e9 2010, p 183-185)<\/p>\n

Consid\u00e9rons le chemin parcouru depuis les bords du lac o\u00f9 nous nous sommes mis \u00e0 \u00e9couter la Parole myst\u00e9rieuse du Ma\u00eetre assis devant un horizon de sens qui s\u2019\u00e9largissait \u00e0 la mesure de notre \u00e9coute et de notre accueil. Les paraboles nous ont \u00e9trangement \u00e9loign\u00e9 du ciel<\/em> o\u00f9 nous avions remis\u00e9 Dieu et son Royaume pour nous ramener \u00e0 du terre \u00e0 terre<\/em>. La Parabole n\u2019a pas d\u2019autre terreau que cet humus qui nous fa\u00e7onne et nous nourrit. Ce retour \u00e0 la terre nourrici\u00e8re d\u2019humanit\u00e9 peut paraitre curieux, voire choquant tant il est vrai qu\u2019on ne nous avait pas habitu\u00e9 \u00e0 un tel langage d\u00e9plac\u00e9<\/em>. Il aura fallu que les mots de la foi n\u2019invitent plus \u00e0 rien, d\u00e9racin\u00e9s qu\u2019ils \u00e9taient de la vie, pour que la chance d\u2019entendre un chant nouveau puisse \u00eatre \u00e0 nouveau possible. Cette Parole \u00e0 nouveau vive, il ne faut pas oublier de la lester, de lui donner son poids, sa consistance, son \u00e9paisseur, sa chair. Une parabole, c\u2019est en fait toute parole humaine qui est \u00e9paisse, grosse (comme on dit d\u2019une femme enceinte), bien en chair. Une telle parole ne donne plus l\u2019air de tomber du ciel\u00a0; elle n\u2019a rien d\u2019ang\u00e9lique car elle supporte de dire le tragique, l\u2019\u00e9chec, l\u2019absurde, le n\u00e9ant. Mais elle n\u2019oublie pas non plus d\u2019\u00eatre l\u00e9g\u00e8re, joviale, pleine d\u2019humour parfois tant elle sait que les humains se paient trop souvent de mots. Elle se m\u00e9fie donc de toutes les valeurs pr\u00e9tendument chr\u00e9tiennes ou autres qui ne convoquent pas l\u2019\u00eatre humain \u00e0 sa t\u00e2che d\u2019humanisation.<\/p>\n

Nous avons termin\u00e9 par un non-lieu<\/em> qui signe peut-\u00eatre l\u2019\u00e9criture de nos vies en paraboles. Non-lieu<\/em> d\u2019un Dieu qu\u2019on n\u2019attendait pas (ou qu\u2019on n\u2019attendait plus) \u00e0 m\u00eame la vie, \u00e0 ras du sol<\/em>. D\u2019un Dieu dont on avait pourtant appris qu\u2019il s\u2019\u00e9tait incarn\u00e9 mais on avait contourn\u00e9 l\u2019incroyable cons\u00e9quence de cette mise en chair pour le remettre \u00e0 sa place, dans les hauteurs. L\u00e0, au moins, il l\u00e9gitimerait sa position \u2013 et celle bien sur de ses lieutenants. Non-lieu<\/em> d\u2019un christianisme qui a oubli\u00e9 sa position s\u00e9culi\u00e8re<\/em> pour s\u2019adonner avec l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 \u00e0 la mondanit\u00e9<\/em>. Au lieu d\u2019inviter \u00e0 la subversion de toute ali\u00e9nation, le christianisme s\u2019est gliss\u00e9 dans les structures du pouvoir \u00e9tabli et a ainsi perdu toute pertinence. Non-lieu<\/em> d\u2019un humain qu\u2019on a voulu avant tout citoyen du ciel au lieu de lui permettre\u00a0 d\u2019habiter son chez soi. Le prononc\u00e9 d\u2019un non-lieu<\/em> rend la libert\u00e9 aux accus\u00e9s. La parabole le fait pour nous. Elle nous rend \u00e0 nous-m\u00eames, \u00e0 la vie, \u00e0 sa chair. Tel est bien \u00ab\u00a0le lieu\u00a0\u00bb dans lequel nous nous sommes \u00ab\u00a0arr\u00eat\u00e9s\u00a0\u00bb (m\u00eame si l\u2019expression est fausse)\u00a0: la chair \u00e0 m\u00eame les sens. C\u2019est \u00e0 un plein des sens <\/em>que la parabole nous invite. Des sens gorg\u00e9s d\u2019ouverture \u00e0 la vie, hospitaliers \u00e0 la rencontre d\u2019autrui, charg\u00e9s d\u2019une promesse dans l\u2019ici-bas<\/em>. Il n\u2019est finalement pas si curieux que le mouvement des paraboles nous ram\u00e8ne \u00e0 l\u2019incarnation. Comme si les paraboles s\u2019accomplissaient dans les signes<\/em> visibles o\u00f9 s\u2019\u00e9changent la parole et les gestes de fraternit\u00e9. Ce que nous appelons commun\u00e9ment des \u00ab\u00a0miracles\u00a0\u00bb dans les \u00e9vangiles ne sont pas des ph\u00e9nom\u00e8nes exceptionnels qui d\u00e9rogent aux lois de la nature, mais des paraboles en acte<\/em>\u00a0! Les paraboles racontent comment le Royaume s\u2019est rendu proche de chaque humain et inscrivent ce salut en chair et en os\u00a0! Le \u00ab\u00a0miracle\u00a0\u00bb est l\u2019inscription de l\u2019esprit de la parabole dans la lettre de la chair\u00a0: nos yeux, nos oreilles, notre bouche, nos mains, notre visage deviennent les lieux porteurs de vie et d\u2019amour. Nous en avons la \u00ab\u00a0preuve\u00a0\u00bb dans le corps m\u00eame du christ devenu la Parabole par excellence, la matrice de nos existences paraboliques. Il est, lui, le Signe<\/em> de la pr\u00e9sence du Royaume, de cet au-del\u00e0 de l\u2019humain<\/em> qui repose en chacun de nous et ne demande qu\u2019\u00e0 germer. J\u00e9sus a, en effet, sign\u00e9 sa parole de sa propre vie\u00a0: les deux – parole et vie – se nourrissant et s\u2019enrichissant l\u2019une l\u2019autre. J\u00e9sus n\u2019aurait \u00e9t\u00e9 qu\u2019un beau parleur de plus si sa parole n\u2019avait trouv\u00e9 son accomplissement et sa v\u00e9rit\u00e9 dans l\u2019acte m\u00eame de d\u00e9poser sa vie pour ses amis. Ainsi, le Christ r\u00e9alise ce qu\u2019il a enseign\u00e9\u00a0: de nouveaux rapports peuvent naitre entre humains et r\u00e9aliser le grand dessein de Dieu. A nous d\u2019inventer d\u00e9sormais la circulation de vie entre parole et existence\u00a0; \u00e0 mettre notre vie dans une Par(ab)ole qui lui donne sens\u00a0; et \u00e0 ne jamais laisser la Par(ab)ole orpheline de son actualisation dans la chair de la vie. Ainsi se r\u00e9alisera la finale (longue) de l\u2019\u00e9vangile de Marc\u00a0: \u00ab\u00a0Quant \u00e0 eux, ils partirent pr\u00eacher partout\u00a0: le Seigneur agissait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l\u2019accompagnaient\u00a0\u00bb (Mc 16,20).<\/p>\n

Un christianisme parabolique, voil\u00e0 le r\u00eave qui m\u2019habite de plus en plus. Une Eglise proche de l\u2019humain, cheminant avec lui dans la discr\u00e9tion et l\u2019amiti\u00e9. Un christianisme qui donnerait la possibilit\u00e9 \u00e0 chacun de devenir lui-m\u00eame Parabole \u00e9crite de chair et d\u2019esprit et dont les regards et les gestes diraient la Bont\u00e9 et la Joie au c\u0153ur du monde. Mettre sa vie en paraboles permet une \u00e9criture de la vie en profondeur de nouveaut\u00e9, l\u00e0 o\u00f9 elle nait. Nous avons appel\u00e9 cette \u00e9criture parabolique une th\u00e9ographie<\/em>. Nous aurions pu l\u2019appeler une anthropographie <\/em>tant cette \u00e9criture se couche \u00e0 m\u00eame l\u2019humain. Elle se r\u00e9v\u00e8le finalement une \u00e9chographie<\/em> tellement elle fait entendre ce qui est en train de naitre en nous.<\/p>\n

Dominique Collin, op<\/p>\n

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