Fr\u00e8res et s\u0153urs, chers amis, nous voici parvenus au 2e dimanche du temps de l\u2019Avent. C\u2019est notre huiti\u00e8me pas sur le chemin que je nous indiquais la semaine derni\u00e8re.<\/p>\n
Pour ne pas les oublier, je souhaite tout de suite une bonne f\u00eate aux Nicolas. C\u2019est une f\u00eate qui est tr\u00e8s importante, \u00e7a co\u00efncide cette ann\u00e9e avec le 2e dimanche de l\u2019Avent, ce qui fait que sans doute Nicolas va se faire voler un petit peu la vedette par la c\u00e9l\u00e9bration de l\u2019esp\u00e9rance qui nous conduit vers No\u00ebl…<\/p>\n
Nous lisons aujourd\u2019hui le d\u00e9but de cet \u00c9vangile qui va nous accompagner pendant l\u2019ann\u00e9e, l\u2019\u00c9vangile selon saint Marc. Peut-\u00eatre qu\u2019on peut rappeler simplement qu\u2019au fond l\u2019inventeur reconnu de ce genre litt\u00e9raire qu\u2019on appelle \u00ab \u00c9vangile \u00bb, c\u2019est l\u2019auteur du second \u00c9vangile qui nous transmet ce qu\u2019il en \u00e9tait de la premi\u00e8re cat\u00e9ch\u00e8se apostolique. On l\u2019a souvent rattach\u00e9 \u00e0 Pierre, mais plus largement ce qu\u2019il nous restitue, c\u2019est ce qui s\u2019est dit, ce qui s\u2019est pr\u00each\u00e9 au tout d\u00e9but de l\u2019\u00e8re chr\u00e9tienne. Nous savons que c\u2019est un \u00c9vangile qui est ramass\u00e9, c\u2019est un \u00c9vangile qui est court, un \u00c9vangile qui est dense. En premi\u00e8re lecture nous avons un passage du livre du proph\u00e8te Isa\u00efe, justement au chapitre 40, pr\u00e9cis\u00e9ment l\u00e0 o\u00f9 est mentionn\u00e9e cette voix qui proclame qu\u2019il faut pr\u00e9parer dans le d\u00e9sert les chemins du Seigneur. Ce passage du livre d\u2019Isa\u00efe, c\u2019est ce qu\u2019on appelle \u00ab le livre de la Consolation \u00bb. Apr\u00e8s que des oracles pr\u00e9c\u00e9dents dans le livre d\u2019Isa\u00efe ont \u00e9t\u00e9 plus impr\u00e9catoires, plus des oracles de jugement, voil\u00e0 que le Seigneur vient apporter la consolation \u00e0 son peuple. Je ne dis cela que parce que cette partie du livre du livre d\u2019Isa\u00efe (40), on dit qu\u2019elle renvoie \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 le peuple est en d\u00e9portation \u00e0 Babylone. M\u00eame si peut-\u00eatre une restauration se laisse d\u00e9j\u00e0 entrevoir, n\u00e9anmoins la consolation, la voix de la consolation, s\u2019\u00e9l\u00e8ve dans un lieu de d\u00e9solation. C\u2019est une mani\u00e8re de rappeler sans vouloir \u00e9videment amoindrir nullement la joie de No\u00ebl, qu\u2019il y a dans la d\u00e9marche que nous faisons, une vraie gravit\u00e9. Le Seigneur vient dans un monde qui est souffrant, qui est malade ; dans un monde qui a du mal \u00e0 marcher sur les chemins de la justice et \u00e0 y demeurer ; mais la voix du proph\u00e8te retentit comme une voix d\u2019esp\u00e9rance, et le proph\u00e8te n\u2019apporte pas tout, il annonce celui qui pourra tout prendre sur lui pour renouveler l\u2019\u00eatre profond de l\u2019homme, comme l\u2019\u00eatre profond de la Cr\u00e9ation.<\/p>\n Aujourd\u2019hui, contentons-nous de laisser r\u00e9sonner cette voix, et comme je le faisais tout \u00e0 l\u2019heure pour la question que J\u00e9sus pose \u00e0 chacun de ses disciples, \u00e0 chacune de ses disciples : \u00ab Et toi que dis-tu ? Pour toi, qui suis-je ? \u00bb Eh bien, mettons ce que vous pouvons mettre \u00e0 la seconde personne, pour que le Seigneur dise \u00e0 chacun : \u00ab Pr\u00e9pare les chemins du Seigneur, rends droits ses sentiers, laisse-toi approcher, toucher par la Parole du Seigneur, laisse-toi approcher toucher par la parole du proph\u00e8te, du baptiseur, du pr\u00e9curseur, qui annonce Celui qui vient : J\u00e9sus, l\u2019enfant de Bethl\u00e9em, l\u2019homme de Nazareth, celui que l\u2019on appelle Christ, celui qui est Fils de Dieu, et qui avec ce qu\u2019il est, tel qu\u2019il se r\u00e9v\u00e8le, vient nous apporter le salut et la consolation de Dieu dans l\u2019amour. \u00bb<\/p>\n AMEN<\/p>\n
\nJe voudrais nous inviter aujourd\u2019hui, \u00e0 nous poser pour entendre ce qu\u2019il nous dit, alors que va entrer en sc\u00e8ne tr\u00e8s rapidement une figure qui va nous accompagner ce dimanche et le troisi\u00e8me dimanche de l\u2019Avent : Jean le Baptiste, Jean le pr\u00e9curseur. Aujourd\u2019hui, intronis\u00e9 par Marc et la semaine prochaine nous le retrouverons, mais dans la lumi\u00e8re o\u00f9 le place le quatri\u00e8me \u00c9vangile.
\nL\u2019\u00c9vangile de Marc, c\u2019est tr\u00e8s frappant, entre en mati\u00e8re de mani\u00e8re tout \u00e0 fait abrupte. R\u00e9- entendez ceci : \u00ab Commencement de l\u2019\u00c9vangile de J\u00e9sus, Christ, Fils de Dieu. \u00bb<\/strong> Si je prends le temps d\u2019\u00e9num\u00e9rer chacun de ces mots, c\u2019est que dans ce premier verset, il y a d\u00e9j\u00e0 tous les \u00e9l\u00e9ments qui nous sont donn\u00e9s et qui sont m\u00eame articul\u00e9s<\/strong>. Ils ne sont pas simplement juxtapos\u00e9s, ils sont articul\u00e9s, parce qu\u2019ils sont r\u00e9f\u00e9r\u00e9s \u00e0 la personne de J\u00e9sus, qui en d\u00e9finitive seule compte, on va le voir, lorsque le Baptiste va s\u2019effacer devant J\u00e9sus. Mais enfin, arr\u00eatons-nous peut-\u00eatre sur chacun de ces mots.
\n\u00c0 commencer par le premier : \u00ab Commencement de l\u2019\u00c9vangile de J\u00e9sus, Christ,… \u00bb \u00ab Commencement \u00bb. L\u2019\u00c9vangile \u00e0 vrai dire, ne fait-il jamais autre chose que de commencer ? L\u2019\u00c9vangile \u00e0 vrai dire, la pr\u00e9dication de l\u2019\u00c9vangile, ne fait-elle jamais autre chose que de commencer ? Ce que je veux dire c\u2019est : est-ce que cette annonce…, est-ce que cette annonce est jamais autre chose que nouvelle ? Elle n\u2019est pas r\u00e9p\u00e9titive dans son \u00e9nonc\u00e9 et la vie qu\u2019elle entend g\u00e9n\u00e9rer C\u2019est \u00e0 chaque instant qu\u2019elle doit \u00eatre r\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9e. Aussi bien, l\u2019entr\u00e9e en mati\u00e8re de Marc nous int\u00e9resse beaucoup parce que, \u00e9videmment, il nous indique que son \u00c9vangile, son r\u00e9cit, ce qu\u2019il va dire a un \u201ccommencement\u201d, comme toutes les choses de ce monde ont un \u201ccommencement\u201d. Mais peut-\u00eatre que la mani\u00e8re que je vous propose de l\u2019entendre aussi dans un second \u00e9cho n’est pas inint\u00e9ressante, en ce sens que s\u2019agissant de l\u2019\u00c9vangile, chaque fois qu\u2019on l\u2019entend proclamer, c\u2019est comme si advenait justement \u00e0 nos oreilles et dans nos vies, l\u2019annonce qui nous est faite du Royaume qui vient et qui est d\u00e9j\u00e0 l\u00e0, dans une nouveaut\u00e9 absolument perp\u00e9tuelle, dans une nouveaut\u00e9 qui s\u2019auto-renouvelle \u00e0 chaque proclamation. Entr\u00e9e en mati\u00e8re donc, avec r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 un \u201ccommencent\u201d car il faut bien commencer quelque part.
\nCe qui commence ici (et c\u2019est le deuxi\u00e8me mot) c\u2019est \u00ab l\u2019\u00c9vangile \u00bb (eu-angelion). Le P\u00e8re Focant qui est un des grands commentateurs de l\u2019\u00c9vangile selon saint Marc aime parler de cette \u00ab Heureuse annonce \u00bb<\/strong> : c\u2019est la m\u00eame chose que \u00ab \u00c9vangile \u00bb mais peut-\u00eatre que \u00e7a nous d\u00e9payse un peu par rapport \u00e0 un mot \u00ab \u00c9vangile \u00bb que nous connaissons bien. \u00ab Heureuse annonce \u00bb, heureuse proclamation, heureuse proposition, heureux \u00e9nonc\u00e9 qui va commencer de se dire. Et cette proclamation, sur quoi va-t-elle porter ? Et l\u00e0 tout de suite, nous touchons le pivot : la proclamation, elle va porter sur ce vers quoi nous marchons, cette humanit\u00e9 qui va s\u2019offrir \u00e0 nos regards lorsque nous irons \u00e0 Bethl\u00e9em. L\u2019humanit\u00e9 de ce J\u00e9sus de Nazareth, homme parmi les hommes ; pas n\u2019importe quel homme pourtant puisqu\u2019il va \u00eatre l\u2019objet de tant et tant de questionnements.
\nEncore une fois, objet de questionnements en son temps, mais objet de questionnements en notre temps aussi, et dans la vie de chacun d\u2019entre nous. Comme on le dit souvent \u00e0 propos d\u2019un autre passage \u00e9vang\u00e9lique, la vraie question qui fait le ou la disciple, c\u2019est celle que J\u00e9sus lui-m\u00eame pose \u00e0 chacun\/chacune apr\u00e8s s\u2019\u00eatre enquis de ce qu\u2019on dit de lui : \u00ab Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? \u00bb Et j\u2019aime bien la mettre \u00e0 la deuxi\u00e8me personne : \u00ab Et toi, que dis-tu ? Pour toi qui suis-je ? \u00bb C\u2019est bien un J\u00e9sus de chair et de sang vers lequel nous marchons et que nous allons rencontrer, honorer, v\u00e9n\u00e9rer, f\u00eater \u00e0 Bethl\u00e9em. Et cette humanit\u00e9 de J\u00e9sus, elle va \u00eatre, nous disent les th\u00e9ologiens dans un mot qui n\u2019est pas tr\u00e8s joli : \u00ab l\u2019instrument conjoint de notre salut \u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019elle va \u00eatre pour nous, vraiment notre point d\u2019appui. Il vient dans notre humanit\u00e9 pour que notre humanit\u00e9 puisse la rencontrer, la sienne ; pour que ces deux humanit\u00e9s-l\u00e0 se rencontrent et pour qu\u2019elles puissent se comprendre.
\nEt de toutes les questions que l\u2019on peut se poser \u00e0 propos de J\u00e9sus, voil\u00e0 que Marc semble tout de suite donner la r\u00e9ponse, et il juxtapose : \u00ab l\u2019\u00c9vangile de J\u00e9sus \/ Christ \u00bb, donc J\u00e9sus reconnu comme Messie, J\u00e9sus reconnu comme objet de cette esp\u00e9rance pluris\u00e9culaire du peuple \u00e9lu, du peuple d\u2019Isra\u00ebl. Et il va m\u00eame plus loin : \u00ab Christ \u00bb mais aussi \u00ab Fils de Dieu \u00bb. Et qu\u2019est-ce que cela veut dire ? Ces deux expressions qui accompagnent toujours la personne de J\u00e9sus de Nazareth rep\u00e9rable dans ses contours, ces deux qualifications de \u00ab Christ \u00bb et de \u00ab Fils de Dieu \u00bb, elles donnent lieu \u00e0 tellement de malentendus, elles demandent vraiment \u00e0 \u00eatre \u00e9lucid\u00e9es.
\nEt \u00e7a va \u00eatre tout l\u2019objet de l\u2019\u00c9vangile, et lorsque le P\u00e8re Focant commente cet \u00c9vangile il montre \u00e0 quel point J\u00e9sus, pour conduire les uns et les autres, les unes et les autres, \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9 de son \u00eatre sauveur, va passer son temps \u00e0 les d\u00e9router, \u00e0 tromper leurs attentes, parfois m\u00eame \u00e0 les scandaliser. Certes il est \u00ab Christ \u00bb, mais il n\u2019est peut-\u00eatre pas tout \u00e0 fait le Christ qu\u2019on attend ; certes il est \u00ab Fils de Dieu \u00bb, mais dans quel sens cela s\u2019entend-il ? Est-ce que cela s\u2019entend simplement de quelqu\u2019un qui est Fils de Dieu par une honorable vie d\u2019observance des commandements ? Ou bien est-ce que…, est-ce que cela signifie que J\u00e9sus est effectivement le propre Fils de Dieu, participant de la vie de cet \u00catre invisible, Celui qu\u2019il appelle son P\u00e8re ? Les deux mots demandent, et demandent toujours, et jusqu\u2019\u00e0 maintenant, \u00e0 \u00eatre soigneusement explor\u00e9s. \u00ab J\u00e9sus \u00bb, \u00ab Christ \u00bb et \u00ab Fils de Dieu \u00bb, oui mais, qu\u2019est-ce que cela veut dire exactement ? Et au seuil de son \u00c9vangile, Marc va mettre son lecteur sur un chemin o\u00f9 petit \u00e0 petit il va falloir en quelque sorte purifier son esp\u00e9rance, purifier les pr\u00e9-compr\u00e9hensions, les attentes que l\u2019on a par rapport \u00e0 J\u00e9sus, pour encore une fois, mais on a d\u00e9j\u00e0 eu l\u2019occasion de le dire si souvent, laisser J\u00e9sus se r\u00e9v\u00e9ler pour ce qu\u2019il est.<\/strong>
\nSi l\u2019on avance dans le r\u00e9cit, on a tout de suite une pr\u00e9sentation, c\u2019est ce que j\u2019ai appel\u00e9 \u00ab l\u2019intronisation \u00bb de cette figure majeure qu\u2019est Jean le Baptiste : \u00ab Il est \u00e9crit dans Isa\u00efe, le proph\u00e8te :\u2019\u2019 Voici que j\u2019envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le d\u00e9sert : pr\u00e9parez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait parut dans le d\u00e9sert. Il proclamait un bapt\u00eame de conversion pour le pardon des p\u00e9ch\u00e9s.\u2019\u2019 \u00bb
\nUne premi\u00e8re notation. \u00c7a peut para\u00eetre un d\u00e9tail, mais ce n\u2019est pas inint\u00e9ressant. Il est int\u00e9ressant en effet de voir comment Marc en use avec l\u2019\u00c9criture. Il nous dit qu\u2019il y a des choses qui sont \u00e9crites dans le proph\u00e8te Isa\u00efe, alors qu\u2019en r\u00e9alit\u00e9 cette citation emprunte aussi bien \u00e0 Exode (23,20), qu\u2019\u00e0 Malachie (3,1), mais aussi, c\u2019est vrai, \u00e0 \u00c9sa\u00efe (40,3). Int\u00e9ressante cette notation de voir comment l\u2019\u00e9vang\u00e9liste n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 faire d\u2019un centon de citations, une seule citation imput\u00e9e \u00e0 Isa\u00efe, mais pour que faire ? Pour introniser Jean le Baptiste. Et ici Jean le Baptiste va \u00eatre essentiellement celui qui est une \u00ab voix \u00bb : il est annonciateur de Celui qui vient ; et dire qu\u2019il crie \u201cdans le d\u00e9sert\u201d, \u00e7a ne veut pas dire qu\u2019il crie dans le vide, \u00e7a veut dire qu\u2019il crie justement dans ce lieu o\u00f9 le Seigneur toujours se manifeste, o\u00f9 l\u2019\u00c9ternel toujours vient se dire, se montrer, se manifester, donner ses paroles. Et son invitation elle va \u00eatre forte. Adress\u00e9e \u00e0 tout le peuple, pas simplement au singulier concret, mais au peuple \u00e9lu, \u00e0 cette communion du peuple : une proposition de se convertir, de \u00ab pr\u00e9parer les chemins du Seigneur \u00bb, de \u00ab rendre droits ses sentiers \u00bb .
\nDans la ligne de la tradition proph\u00e9tique, Jean appelle \u00e0 la conversion. Son nom signifie johannan : \u00ab Dieu fait gr\u00e2ce \u00bb. Mais il appelle \u00e0 la conversion, et on l\u2019a vu il pose un geste ; il pose un geste qui est le bapt\u00eame d\u2019eau dans lequel il accueille le repentir de tous ceux et celles qui viennent vers lui.<\/strong>
\nIl y a sans doute un trait qu\u2019il est bon de remarquer : Jean est une figure proph\u00e9tique<\/strong>, c\u2019est m\u00eame la fine pointe de toute la tradition proph\u00e9tique. Tous ses devanciers ont, comme dit J\u00e9sus dans un autre passage, voulu voir, ce que d\u00e9sormais on va voir ; voulu entendre, ce que d\u00e9sormais on va entendre – d\u00e8s lors qu\u2019on sera en pr\u00e9sence de J\u00e9sus -, mais ils ne l\u2019ont ni vu ni entendu, le moment n\u2019\u00e9tait pas venu.
\nEn fait le \u00ab jour de Dieu \u00bb, c\u2019est lorsque J\u00e9sus va se pr\u00e9senter. C\u2019est pour \u00e7a que Jean le Baptiste ici, il est dans les traits de \u00c9lie, le proph\u00e8te des derniers temps, le proph\u00e8te de l\u2019ultime accomplissement, tel que d\u00e9peint au deuxi\u00e8me livre des Rois (1, 8). Jean, il est celui qui dit : \u00ab Attention, tout ce qui a \u00e9t\u00e9 promis, tout ce qui est attendu, tout ce qui est esp\u00e9r\u00e9, va se r\u00e9aliser. \u00bb Et cela va se r\u00e9aliser dans la personne de J\u00e9sus : \u00ab Voici venir derri\u00e8re moi celui qui est plus fort que moi ; tant et si bien que je ne suis m\u00eame pas digne de m\u2019abaisser pour d\u00e9faire la courroie de ses sandales. \u00bb Jean le Baptiste, comme toute la tradition proph\u00e9tique, n\u2019a pas d\u2019autre vocation que de s\u2019effacer devant \u00ab celui qui vient au nom du Seigneur \u00bb pour tout accomplir.<\/strong> Et si Jean, lui, accueille le repentir du peuple de Dieu dans le geste d\u2019eau, J\u00e9sus lui, va apporter le pardon du Seigneur, dans ce qu\u2019on appelle ici un \u00ab bapt\u00eame d\u2019Esprit Saint \u00bb.<\/strong> Oui, ce sera cet \u00e9nigmatique \u201cbapt\u00eame\u201d que sera pour J\u00e9sus, la Passion, la mort, la r\u00e9surrection et le don de l\u2019Esprit, in fine cet Esprit qui renouvelle la Cr\u00e9ation tout enti\u00e8re.<\/strong>
\nVous relirez cette page de l\u2019\u00c9vangile selon saint Marc, une page qui est une entr\u00e9e en mati\u00e8re abrupte, tr\u00e8s carr\u00e9e ; une page qui est tr\u00e8s dense, qui est tr\u00e8s scand\u00e9e ; une page qui nous donne en fait un peu la cadence de cet \u00c9vangile o\u00f9 constamment on lit : \u00ab et aussit\u00f4t …, et aussit\u00f4t…, et aussit\u00f4t …, \u00bb comme si Marc voulait nous mener au pas de charge sur le chemin de la R\u00e9v\u00e9lation la plus vraie, la plus pleine et enti\u00e8re du Seigneur J\u00e9sus.<\/p>\n