descente au s\u00e9jour des morts<\/em>\u00a0\u00bb pour annoncer aux morts qu\u2019Il apporte la Vie.<\/p>\nPour les chr\u00e9tiens, d\u00e8s les origines de l\u2019\u00c9glise, la Veill\u00e9e pascale est la plus grande c\u00e9l\u00e9bration de l\u2019ann\u00e9e, car elle est le m\u00e9morial de la r\u00e9surrection du Christ\u00a0: cette nuit inaugure \u00ab\u00a0le Jour du Seigneur\u00a0\u00bb. Nous passons de l\u2019obscurit\u00e9 \u00e0 la lumi\u00e8re, de l\u2019Alliance Ancienne \u00e0 la Nouvelle\u00a0; par l\u2019eau sanctifiante du bapt\u00eame, de l\u2019homme ancien \u00e0 l\u2019homme nouveau, de l\u2019errance du p\u00e9cheur \u00e0 l\u2019accueil de la gr\u00e2ce.<\/p>\n
Cette Veill\u00e9e se d\u00e9roule comme le temps d\u2019un enfantement\u00a0: c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment un \u00ab\u00a0passage\u00a0\u00bb, ce qui est \u00e9tymologiquement l\u2019exacte signification du mot \u00ab\u00a0P\u00e2ques\u00a0\u00bb. Ce passage veut dire entrer \u00ab\u00a0en esprit\u00a0\u00bb dans une vie nouvelle, toucher \u00e0 une autre r\u00e9alit\u00e9 que celle de notre monde sensible, avoir un regard neuf sur nous-m\u00eames et tout ce qui nous entoure, ce qui nous invite par cons\u00e9quent \u00e0 inaugurer de nouvelles relations sociales. Imaginons un monde qui donnerait\u00a0priorit\u00e9 \u00e0 l\u2019accueil de l\u2019autre, \u2026du Tout-Autre et de tous les autres.<\/p>\n
C\u2019est pourquoi les Anciens aimaient \u00e0 nommer P\u00e2ques \u00ab\u00a0le huiti\u00e8me jour\u00a0\u00bb, celui d\u2019une cr\u00e9ation nouvelle. Pour les chr\u00e9tiens, le dimanche n\u2019est pas la fin de la semaine, mais le premier jour d\u2019un monde nouveau, celui que nous sommes invit\u00e9s \u00e0 devenir les artisans d\u00e8s maintenant par notre esp\u00e9rance, par notre libert\u00e9 d\u2019aimer, et pour la joie !<\/p>\n
Commentaire<\/h2>\n Si les \u00e9glises, les temples, les synagogues, les mosqu\u00e9es, toutes les maisons de pri\u00e8re sont aujourd\u2019hui ferm\u00e9es, o\u00f9 nous rassembler\u00a0?<\/p>\n
Mais comme au premier matin de la r\u00e9surrection\u00a0: devant un vide\u00a0! Mais ce vide est un espace ouvert. C\u2019est l\u2019\u00e9tonnant message de la R\u00e9surrection adress\u00e9 par un ange \u2013 un messager \u2013 aux femmes qui se rendaient toutes craintives au tombeau de J\u00e9sus\u00a0:<\/p>\n
\u00ab\u00a0Je sais qui vous cherchez\u2026 Il n\u2019est pas ici\u00a0!<\/em>\u00a0\u00bb (Mt 28, 6).<\/p>\nEt Marie de Magdala, stup\u00e9faite, boulevers\u00e9e, va courir annoncer la nouvelle aux ap\u00f4tres, qui peinent naturellement \u00e0 la croire (Jn 20,2).<\/p>\n
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“O\u00f9 est le Sauveur que nous cherchons ?”<\/em><\/h5>\nC\u2019est une interrogation qui nous touche en ces temps d\u2019\u00e9pid\u00e9mie et de graves questionnements.<\/p>\n
Et c\u2019est une bien myst\u00e9rieuse r\u00e9ponse que rapporte l\u2019\u00e9vangile de Luc, cette r\u00e9ponse donn\u00e9e en premier aux femmes, peut-\u00eatre parce que ce sont elles qui mettent au monde, qui donnent la vie, qui en sont les gardiennes les plus attentives\u00a0: \u00ab\u00a0Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant\u00a0?\u00a0\u00bb <\/em>(Lc 24, 5)<\/p>\n <\/p>\n
Pendant plusieurs mois J\u00e9sus avait parcouru chemins et villages de Palestine avec ses disciples. Mais avec son proc\u00e8s et la trag\u00e9die de la croix \u2013 le jugement des hommes\u00a0!\u2013 ses amis ont pens\u00e9 le perdre et se sont cru eux-m\u00eames abandonn\u00e9s, comme certains d\u2019entre nous peut-\u00eatre aujourd\u2019hui devant cette \u00e9pid\u00e9mie de coronavirus qui menace nos vies et rompt tant de liens sociaux qui font notre existence. Ils ont travers\u00e9 des heures noires\u00a0: \u00ab\u00a0Nous esp\u00e9rions qu\u2019il \u00e9tait celui qui allait d\u00e9livrer Isra\u00ebl\u00a0<\/em>\u00bb confient avec amertume et d\u00e9couragement les deux disciples s\u2019en retournent vers Emma\u00fcs (Lc 24, 21).<\/p>\nC\u2019est qu\u2019il faut du temps, et la route sera peut-\u00eatre longue en cette p\u00e9riode d\u2019\u00e9preuves, pour d\u00e9couvrir que le \u00ab\u00a0Seigneur\u00a0\u00bb est toujours et encore avec nous, et comprendre en ce moment ce qu\u2019il attend de nous.<\/p>\n
Nous nous plaignons peut-\u00eatre d\u2019\u00eatre priv\u00e9s de c\u00e9l\u00e9brations, car bien r\u00e9ellement cette P\u00e2que n\u2019est pas comme les autres. Mais pourquoi serait-elle moins vraie, moins profonde\u00a0? Comme jamais, le Christ est avec nous pour nous appeler \u00e0 passer \u00e0 sa suite des t\u00e9n\u00e8bres \u00e0 la Lumi\u00e8re.<\/p>\n
Ces t\u00e9n\u00e8bres, n\u2019\u00e9taient-elles pas hier nos conflits, nos besoins de domination, nos jugements, nos amertumes, nos isolements\u00a0? Est-ce ce monde-l\u00e0 que nous aimerions si vite retrouver\u00a0?<\/p>\n
Le d\u00e9pouillement, le confinement de ce temps nous presse \u00e0 retrouver, au c\u0153ur des plus petits actes du quotidien, la pr\u00e9sence de Dieu,\u00a0\u00ab plus int\u00e9rieur \u00e0 moi-m\u00eame que moi-m\u00eame<\/em>\u00a0\u00bb, comme le dit admirablement saint Augustin (Confessions<\/em>, III, VI, 11).<\/p>\nCar tout homme est un sanctuaire d\u00e9di\u00e9 \u00e0 cette pr\u00e9sence. Mais ce n\u2019est parfois que dans la d\u00e9tresse, au creux de l\u2019abandon, ou dans les orni\u00e8res de nos \u00e9garements que nous le comprenons. C\u2019est \u00e0 ces moments que nous d\u00e9couvrons que, si le Christ est venu partager nos souffrances, ce n\u2019est pas pour que nous nous arr\u00eations \u00e0 la mort, mais pour nous faire entrer avec lui dans la Vie, nous conduire \u00e0 la joie.<\/p>\n
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Il l\u2019avait promis\u00a0: \u00ab\u00a0L\u2019Esprit que le P\u00e8re enverra en mon nom vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit<\/em> (Jn 14, 26). Ainsi la P\u00e2que n\u2019est pas un \u00e9v\u00e9nement d\u2019autrefois. C\u2019est bien une annonce pour notre aujourd\u2019hui. L\u2019Esprit, que le P\u00e8re nous donne par le Christ, est l\u2019Esprit d\u2019une confiance qui \u00e9clate ce myst\u00e8re de la R\u00e9surrection, qui chante notre victoire sur nos peurs et sur la mort.<\/p>\nEn disparaissant \u00e0 nos yeux, en nous appelant \u00e0 entrer avec dans son chemin de la confiance absolue, le Christ ouvre pour nous, en nous, un nouvel espace de vie\u00a0: l\u2019espace de nous savoir aim\u00e9s et d\u2019oser, malgr\u00e9 nos limites, nous risquer \u00e0 aimer avec lui jusqu\u2019au bout<\/em> (Jn 13, 1).<\/p>\nC\u2019est cela qui s\u2019appelle vivre<\/em>\u00a0! d\u2019une Vie que la mort ne peut an\u00e9antir.<\/p>\n <\/p>\n
Le message de P\u00e2ques r\u00e9v\u00e8le \u00e0 nos vies une dimension \u00e0 laquelle nous n\u2019aurions jamais pu songer \u00e0 pr\u00e9tendre. En chacun de nous, \u2013 nous en faisons parfois bri\u00e8vement l\u2019exp\u00e9rience \u2013 il y a un espace d\u2019\u00e9ternit\u00e9, cette soif de vie myst\u00e9rieuse plus forte que le mal et la mort. C\u2019est ce que nous d\u00e9couvre le message de P\u00e2ques, en nous ouvrant \u00e0 une vie qui ne meurt pas. Parce que l\u2019amour ne peut pas mourir, puisque sa source vient de plus loin que le temps et nous conduit au-del\u00e0 de ce temps.<\/p>\n
J\u00e9sus l\u2019avait promis\u00a0: Quand je serai \u00e9lev\u00e9 de terre, j\u2019attirerai \u00e0 moi tous les hommes<\/em> (Jn 12, 32). Cette esp\u00e9rance de P\u00e2ques est pour chacun de nous.<\/p>\n <\/p>\n
Bien que nous soyons confin\u00e9s, t\u00e9moignons que cette esp\u00e9rance, cette joie, peut traverser tous les murs\u00a0, toutes les tombes, tous les emprisonnements\u00a0: ceux o\u00f9 nous enferment nos peurs, nos l\u00e2chet\u00e9s, nos d\u00e9couragements.<\/p>\n
Le Christ, par les audaces du pardon, a voulu faire de nous des hommes et des femmes libres. C\u2019est le signe, souligne-t-il, de notre appartenance \u00e0 la descendance d\u2019Abraham\u00a0: \u00ab\u00a0Vous serez r\u00e9ellement des hommes libres<\/em> (Jn 8, 36) promet-il \u00e0 ses disciples. Libres au jour o\u00f9 nous chanterons notre d\u00e9livrance de la pand\u00e9mie actuelle comme nous sommes libres dans ces incroyables d\u00e9vouements qu\u2019elle suscite, de cette libert\u00e9 de l\u2019esprit et du c\u0153ur aimant dont il nous faudra continuer \u00e0 en t\u00e9moigner demain.<\/p>\n <\/p>\n
\u00c0 tous ceux partagent leur pain avec les plus pauvres, qui accueillent et habillent ceux qui sont nus, qui soignent les malades et soulagent les d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9s, le Christ ressuscit\u00e9 a promis \u00ab\u00a0le pouvoir de devenir enfants de Dieu<\/em>\u00a0\u00bb (Jn 1, 12). Alors oui, sans attendre de sortir de nos confinements, sortons de nous-m\u00eames, de nos tombeaux et de tout ce qui nous enferme, de nos attitudes craintives, de nos pr\u00e9jug\u00e9s sociaux,\u00a0 et devenons pour aujourd\u2019hui les t\u00e9moins de la R\u00e9surrection. C\u2019est ce que Paul affirme \u00e9galement quand il \u00e9crit aux Galates que nous ne sommes plus des esclaves, mais des fils et filles adoptifs de Dieu (Gal 4, 7).<\/p>\nDans cette lumi\u00e8re il ne s\u2019agit plus seulement de \u00ab\u00a0sauver la cr\u00e9ation\u00a0\u00bb, mais de devenir nous-m\u00eames et tous ensemble les cr\u00e9ateurs d\u2019un monde nouveau.<\/p>\n
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Introduction au jour de P\u00e2ques par le p\u00e8re Philippe Baud<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n\t \n