Voilà plus d’une heure que la petite Emilie est au milieu de ses poupées, les questions et les réponses s’enchaînent, elle oublie le temps qui passe… et, sans prévenir la clochette retentit dans la maison. Cette clochette n’est pas un cri, elle n’est pas un ordre, elle est beaucoup plus qu’un ordre, cet appel vient de Dieu.
Pour la petite Emilie, les poupées n’existent plus, le jeu s’efface et disparaît, c’est l’Heure de toute la famille, le moment d’être ensemble, d’être ensemble pour Lui.
Dans l’obscurité du salon la petite lumière indique le bel angle, le côté vers lequel il faut que tous les yeux se tournent, le côté d’où viendra Son regard sur nous. Comme chaque soir le Christ est là et Marie nous le montre dans sa majesté et sa tendresse. A ses pieds nous sommes tous des ombres. Emilie qui a sept ans est une ombre aussi, plus petite que celle de Martin de deux ans son aîné, que celle de sa mère et de son père, son père qui est pourtant si grand et qui est là humblement courbé devant l’Icône resplendissante du Roi des Rois, le visage d’un homme qui est Dieu. Papa nous l’a dit bien souvent, ce visage est au fond de son cœur, et c’est là un immense mystère d’amour qu’un simple cœur humain puisse contenir le Tout-Puissant.
Mais ce soir n’est pas un soir comme les autres. Le samedi, Emilie le sait, les bougies sont encore éteintes, mais c’est elle qui les allumera une à une ; sa maman est près d’elle, lumière de douceur. Et quand les sept bougies éclateront ensemble, ce sera la Joyeuse Lumière de la Sainte Gloire du Père, immortel, Saint et Bienheureux, ô Jésus-Christ Ressuscité !!
Martin active dans le petit encensoir un charbon tout rouge. Tout à l’heure, il jettera quelques granulés qui deviendront fumée légère. Petite Emilie tout au fond d’elle-même sent sa prière monter vers le Seigneur, comme cette fumée d’encens ; sa prière sent bon. Ses mains avec celles de ses parents vont s’élever au ciel en offrande d’action de grâce : Béni sois-tu Seigneur !
Chacun prendra son livre de prière où sont réunies toutes les belles paroles du Roi David. Emilie sait que vivant dans le secret du Très-Haut, elle peut se blottir sous les ailes du Tout-Puissant. Comme maman qui tient son petit frère Paul dans ses bras, elle sent que son cœur est tout près de lui, dans le Silence et dans la Paix, ce silence et cette Paix auxquels le gazouillis du petit Paul apportera comme un frisson de bonheur. Tout à l’heure papa va prendre le Grand Livre. Ce Livre est un trésor, le plus grand des trésors, un trésor que l’on écoute, un trésor qui donne la Vie.
Ce soir, avec les apôtres Pierre et Jean, Emilie va découvrir que le tombeau est vide ; Marie de Magdala avait dit vrai. Emilie ne sait que peu de choses, mais il en est une dont elle est sûre maintenant :
Christ est ressuscité !
Par sa mort, la mort est morte !
Dans sa Joie, elle est appelée à vivre pour l’éternité !
A Lui la gloire avec le Père, dans l’unité de l’Esprit Saint pour les siècles des siècles !