IL N’Y AURA RIEN À FAIRE !
Est-ce l’inquiétude de députés sortants qui entrevoient de passer d’une vie suroccupée à une sorte de temps suspendu ? Celui qui s’est donné sans compter pour servir au mieux ses concitoyens électeurs peut se trouver soudain privé de son pouvoir d’agir. C’est d’autant plus frustrant qu’il ne désespérait pas de les faire revenir du désamour manifesté par beaucoup à l’égard du personnel politique.
Est-ce le pronostic fataliste de l’observateur distancié qui a son idée sur le résultat final inéluctable de l’opération, qu’il s’en réjouisse ou non personnellement ? Pourtant, les jeux sont loin d’être faits et quand ils le seront, leurs conséquences agiteront le paysage politique et la vie sociale durablement. Quant à ceux qui se croient à l’abri des turbulences à venir, ils pourraient vite déchanter.
L’homme de l’évangile qui a semé et devient alors le spectateur d’un processus se déroulant désormais sans lui, serait-il une figure de celui qui, par sa décision, a déclenché les évènements ? Mais ce dernier n’a sans doute pas dit son dernier mot. D’ailleurs, la parabole elle-même n’exclut pas explicitement toute action ultérieure du semeur pour accompagner une croissance, qui certes le dépasse.
Au moment de passer la mer et d’être délivré de la poursuite des Égyptiens, Moïse dit aux Hébreux : « Le Seigneur combattra pour vous, et vous, vous n’aurez rien à faire » (Ex 14,14). Cet évènement prophétisait le sacrifice pascal du Fils de Dieu qui, s’offrant sur la croix, sauvait les hommes de la tyrannie du péché et de Satan, tandis qu’eux n’avaient rien d’autre à faire que de le regarder.
Mais rendus disciples par le baptême qui les fait participer à la mort et la résurrection du Seigneur, ils reçurent mission de le suivre sur son chemin pour mener son combat, et d’accomplir ses œuvres de salut pour le monde. Aujourd’hui encore, les chrétiens restent cois en voyant comment Dieu conduit l’histoire, mais ils se dévouent généreusement à son œuvre autant qu’il leur y donne part.
Père Marc Lambret