MARIANNE EST MALADE
Ni la jeune fille ni la femme qui saigne ne sont nommées dans notre évangile. Nous ne savons pas bien non plus l’origine de l’attribution du prénom Marianne à notre République française. Pour ce qui est des personnages féminins de l’épisode, ils représentent le peuple élu dans le triste état où Jésus le trouve en venant au monde : réduit à peu de choses au milieu des nations, perdant sa sève vitale et incapable de pourvoir à sa postérité. Or le Christ va restaurer Israël comme il arrache à la mort la fille de Jaïre pour qu’elle vive, et restitue sa dignité ainsi que la capacité d’enfanter à la femme rendue impure et stérile par son mal.
Quant à notre pays, les spécialistes nous assurent de la solidité de ses institutions. Acceptons en l’augure, car quoi qu’il arrive, elles seront mises à rude épreuve. Notre société, en effet est malade. La crise politique actuelle qui résulte bien sur des choix tactiques des uns et des autres, relève plus fondamentalement de maux très anciens et installés. Notre langueur est d’abord spirituelle : quand un peuple ne peut plus s’attacher à Dieu d’une manière ou d’une autre, il ne lui reste plus qu’à adorer Mammon, c’est à dire à s’épuiser dans la recherche de satisfactions matérielles dont l’homme ne vit pas s’il est privé de l’essentiel.
Dans l’évangile, le lecteur éclairé discernera qu’il s’agit du mystère pascal : le Christ accomplit la salut d’Israël et des nations en s’offrant sur la croix. Un aspect de cette passion est la dérision qu’il souffre quand il s’avance vers le sacrifice : d’abord de la part de ses disciples, puis de ceux qui assistent à son arrivée auprès de la morte. Ses fidèles témoignant aujourd’hui de l’espérance auprès de ceux qui n’en ont pas risquent fort de subir le même sort. Pourtant, plus que jamais, nous proclamons sa victoire et notre responsabilité de la faire advenir en le suivant sur le chemin du don de soi pour l’amour de tous nos frères humains.
Père Marc Lambret