« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

POURQUOI CE REJET ET CETTE COLÈRE ? Commentaire 14ème dimanche du TO Année B

POURQUOI CE REJET ET CETTE COLÈRE ?

Il se trouve que l’évangile de ce dimanche nous donne un témoignage étonnant sur la manière dont « les gens de chez lui » rejettent Jésus. Ils sont « profondément choqués » en remarquant qu’il est tout à fait de chez eux. Le problème serait donc « la sagesse et les grands miracles » qui lui sont attribués. Mais, quand un « enfant du pays » perce et réussit dans le monde, les gens de chez lui en sont fiers : nous le voyons bien pour les médaillés olympiques ! Alors, où se trouve le motif de mécontentement ?

Bien entendu, la phrase de Jésus nous donne la clef de l’énigme : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Il ne s’agit pas d’un proverbe qui relèverait de “la sagesse des nations”, mais d’un constat historique en Israël : les prophètes envoyés par le Dieu à son peuple pour l’appeler à la conversion ont été rejetés justement en raison de cet appel, ce qui a provoqué le “détournement” de la grâce vers les nations. C’est clair en Luc où, dans le même contexte de rejet de la part des siens, Jésus évoque Élie envoyé à la veuve de Sarepta et Élisée recevant favorablement Naaman le Syrien. À cette idée de Dieu apportant ses bienfaits à des étrangers plutôt qu’à eux-mêmes, les héritiers légitimes, les habitants de Nazareth entrent dans une grande colère, au point de vouloir tuer Jésus ; confirmant ainsi qu’il ont bien affaire à un prophète.

La xénophobie est un mouvement naturel d’appréhension de l’inconnu que contrebalance normalement le goût de découvrir les autres. Mais quand la peur l’emporte, ainsi surtout que le sentiment d’être floué et dépouillé de son bien au profit d’autres qui ne devraient pas y avoir droit, rien ne peut arrêter la colère. Elle ira jusqu’à la politique du pire : ceux qui sont ulcérés préfèreront même que tout le monde y perde plutôt que de voir les autres gagner plus sur leur dos. Mais le Christ ne cessera pas de dire qu’il faut que tout le monde se convertisse.

Père Marc Lambret