« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

POURQUOI S’INDIGNER ? – Commentaire 29ème dimanche du TO Année B

POURQUOI S’INDIGNER ?
Les dix s’indignent, dit littéralement le texte grec, « au sujet de » Jacques et Jean. Les traducteurs changent « au sujet de » en« contre ». Or, l’évangile est plus subtil. À ce stade du récit, l’un ou l’autre des Douze avait bien pu se mettre en avant, mais le Seigneur n’avait manifesté aucune approbation de ces démarches. Aujourd’hui, en revanche, il ne repousse visiblement pas la demande audacieuse des fils de Zébédée. Les autres, réduits au statut de reste, « les dix », s’en aperçoivent et sont furieux de voir leur échapper la promotion à laquelle ils aspiraient donc aussi. Leur indignation est celle, bien humaine, de tous les dépités de l’ambition.

La leçon que leur donne alors Jésus ne doit pas être pour les calmer : elle commence comme le cours de morale élémentaire que le grand chef prononce à l’intention des nouveaux promus, qui l’acceptent toujours tête bien baissée et mains sagement croisées. Mais, adressée aux recalés, cette monition est comme une offense ajoutée à la blessure. Toute la pointe du propos du Christ est de se donner en exemple à suivre sans exception : « Le
Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir, et pour donner sa vie en rançon pour la multitude ». Cette mise au point sur le pouvoir suit l’épisode qui portait sur la richesse, et les deux s’éclairent mutuellement.

Celui qui a reçu le pouvoir est porté à s’en glorifier. Ne devrait-il pas plutôt avoir honte, s’il en en abuse, en voyant ses frères humains soumis à des lois et règlements souvent faits sans eux et sans souci de leurs besoins et aspirations ? Et le riche qui s’enorgueillit de sa fortune sans se soucier des pauvres, ne ferait-il pas mieux de rougir de son état ? Il faut s’indigner, oui, frères et sœurs en humanité, que tant d’entre nous soient piétinés par les puissants qui s’assoient sur leur légitimes attentes, et que beaucoup manquent du nécessaire quand d’autres gaspillent sans vergogne ce qui leur fait défaut. Cherchons donc le royaume de Dieu et sa justice !

Père Marc Lambret