LA VÉRITÉ QUI SE DONNE À AIMER
Poser les bonnes questions serait avoir presque déjà résolu le problème. Pilate nous prouve aujourd’hui le contraire : « Qu’est-ce que la vérité ? » est en effet une excellente question, mais l’essentiel tient dans les efforts pour y répondre vraiment au lieu de faire mine de s’interroger pour se dispenser d’essayer.
Certains pensent suffisant de dire que « la vérité est une personne », désignant ainsi Jésus qui dit dans l’évangile de Jean : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Mais ce sémitisme signifie plutôt : « Je suis le chemin de vérité qui mène à la vie ». La réponse du Seigneur à Pilate aujourd’hui le confirme : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. » Jésus ne se donne pas lui-même pour la vérité : il est le Fils, vérité-dévoilement de la Vérité absolue qui est le Père.
Le rapport entre cette Vérité et la simple question du vrai et du faux est le même que celui de la vie qui « était la lumière des hommes » (Jn 1,4) à l’existence ordinaire : la première est l’origine et le fondement de la seconde qui ne tient pas sans elle. Si l’on évacue Dieu et la vérité de l’existence et de la conception commune du monde, le mensonge gagne sans merci. Il couvre la terre de ses ténèbres terrifiantes, empuantit l’air ambiant des sociétés humaines et corrompt les âmes en sorte que les ceux qui se croient vivants ne soient plus que des morts qui s’ignorent.
Jésus a été tué parce qu’il disait la vérité sans concession aux intérêts de pouvoir et d’argent de ceux qui détenaient l’autorité : se sentant menacés, ils l’ont éliminé. Mais il a fait de ce supplice infligé un don libre de lui-même, au Père par amour pour lui et pour ses frères. Il nous donne ainsi à aimer la vérité de tout notre être en sa personne, et cet amour nous établit dans sa liberté royale et sa vie ressuscitée qui ne connaît pas de déclin.
Père Marc Lambret