Ce soir ce fut une soirée plutôt animée. Dès notre arrivée vers 17h45, déjà une quinzaine de personnes nous attendaient devant le local et plusieurs étaient déjà bien alcoolisées ou shootées, parfois les deux en même temps. Nous étions 9 pour le service : Pascale, Laure, Zhera, Isabelle, Serge, les 4 sœurs Riana, Petronella, Maria, Perla, et votre serviteur.
L’ambiance était très électrique : certaines personnes s’agglutinaient près du lieu de distribution en titubant et disant « on s’en fout du coronavirus puisqu’on va tous crever! » D’autres essayaient de les raisonner…, mais à 18h45 alors qu’on avait déjà servi 60 personnes, une bagarre a éclaté entre deux protagonistes particulièrement éméchés.
J’ai pris la décision de ranger toutes les tables et de faire trois groupes de distribution en maraude itinérante deux avec des caddies (pour la gare, le commissariat, le port, l’opéra, et le cours la Fayette) et un à vélo (sœurs Riana et Maria) qui sont parties jusqu’à la Rode. Je suis resté seul devant le local et Rémi qui avait déclenché la bagarre vient s’asseoir en face de moi et me dit avec aplomb « ce qui m’a fait péter un câble, c’est de voir tous ces gens qui sont alcoolisés et qui vous manquent de respect : c’est pas normal après tout ce que vous faites pour eux! » Je l’écoutais songeur car il avait l’air sincère : je me disais intérieurement qu’il était bien le reflet de chacun de nous avec nos contradictions et nos inconséquences quand nous ne mesurons pas la portée de nos actes déraisonnables qui mettent à mal le bien vivre ensemble ! Rémi était pitoyable dans son déni, mais en même temps le miroir d’une société qui met à l’écart les plus fragiles et leur reproche en même temps d’être associables.
Heureusement, les maraudes se sont bien passées et au total ce fut plus de 150 personnes rencontrées. Les Soeurs à vélo se sont faites invitées pour découvrir « la villa de la Rode » lieu de zone et de squat et leurs hôtes étaient flattés d’une telle visite.
Les autres maraudes ont distribué des couvertures et les nombreuses et succulentes salades emballées offertes par Sodebo via la banque alimentaire et le lien 83. On a pris conscience de l’absence d’un frigo dans le local puisqu’il a fallu tout distribuer généreusement pour éviter que ce soit avarié demain. Ça a fait beaucoup d’heureux.
Après toutes ces émotions l’équipe de bénévoles a pris le temps de mieux faire connaissance et pris ensemble une photo souvenir de cette soirée mémorable…, en se disant « à la prochaine fois »!
Merci à tous.
Gilles Rebêche, diacre