Commentaire Dimanche des Rameaux (Mc 14, 3-9)
Qui est celle-là qui entre sans être annoncée et reste le temps d’une onction dont le récit emplira le monde jusqu’à la fin des temps ? Son nom nous est pour toujours inconnu, pas un mot n’est sorti de sa bouche, mais le Fils de Dieu déclare belle son action comme il ne le fit jamais pour aucune autre, et digne de rester en perpétuelle mémoire.
D’où tient-elle ce parfum et cette prodigalité, sinon d’une mauvaise vie méchamment lucrative ? Ils le pensent sans doute, ceux qui vilipendent son geste et, indignés, la maltraitent. Il faut dire que ce repas chez un certain Simon « le lépreux » est mal situé : il vient juste après la décision des grands-prêtres et des scribes de tuer Jésus, et juste avant que Judas n’aille les voir pour livrer son maître.
Quel personnage se cache derrière elle, mystérieux lui aussi et dont les œuvres sont bonnes dès l’origine ? Qui, sinon le Père éternel qui a oint son Fils de l’Esprit Saint au sortir du baptême, et le ressuscitera après sa mort et sa mise au tombeau ? « Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis, tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante » (Ps 22,5).
En elle se concentrent le souvenir de l’entrée à Jérusalem et la prophétie de la passion. C’était vers Béthanie aussi, quand des gens eurent l’esprit d’acclamer comme Messie celui qui s’avançait en souverain dans un équipage incongru, avec un ânon pour monture ! Et c’est hors de la ville aussi qu’il sera chassé de la vie et scellé dans le roc.
Elle est la femme, la vivante, l’aimante, l’épouse que le Seigneur a rachetée par sa passion et qu’il s’est présentée à lui-même sainte et immaculée : l’Église qui célèbre sa Pâque partout dans l’univers jusqu’à sa venue dans la gloire. Cette gloire, elle l’annonce et l’attend dans une ferme espérance en dépit de tous ceux qui la malmènent en ce monde, car elle y répand comme un parfum hors de prix l’amour dont elle est aimée pour toujours.
Père Marc Lambret