Avance ta main (Jn 20,19-31)
La main de Thomas s’approche des plaies du Ressuscité. L’évangéliste ne nous dit pas ce qu’a fait cette main. Elle s’efface pour laisser place à un cri de foi unique dans l’Evangile : « mon Seigneur et mon Dieu !», écho sublime du Prologue. Nous aimons voir dans Thomas l’apôtre un peu décevant, l’homme du doute, l’incrédule. Thomas – dont le nom veut dire jumeau – vient en quelque sorte rassurer notre mal de foi. L’invitation implicite de l’évangéliste à nous identifier à ce jumeau a rejoint le langage courant. N’avons-nous jamais dit ou entendu ? « Je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je touche ». Mais comprenons-nous ce que cela signifie ? En lui demandant d’avancer sa main, le Christ prend au sérieux la demande de Thomas, nous révélant que la joie pascale, la foi en la résurrection n’est possible qu’au prix d’une expérience corporelle, d’un corps à corps. Si la foi en Christ s’inscrit dans un corps, celui-ci porte des noms différents : Assemblée, Eucharistie, Eglise. Comme pour Thomas en ce huitième jour, c’est dans la liturgie dominicale que chacun et ensemble, nous sommes appelés à une participation eucharistique au corps du Ressuscité. Alors avance ta main vers la Parole proclamée, avance ta main vers ce frère que tu as du mal à toucher, avance tes mains en forme de croix et fais de ta gauche un trône pour la droite qui va recevoir le Seigneur[1]. Avance ta main car je connais tes blessures et j’ai gardé pour toi ma cicatrice[2].
[1] Saint Cyrille de Jérusalem
[2] Saint Augustin