LA VOIE APOPHATIQUE POUR LES NULS
La bonne santé, c’est quand on n’est pas malade : cette définition est « apophatique », elle procède par négation. La théologie apophatique est ancienne et essentielle dans l’Église. Il est plus aisé de dire ce que Dieu n’est pas que ce qu’il est. La « Sainte Trinité » semble au contraire une définition cataphatique (positive) par excellence. Mais elle reste plus apophatique qu’elle n’en a l’air. En effet, le vocable est fabriqué à partir des mots « trois » (tria en latin au féminin) et « unité » (unitas). Donc, ils sont Trois en Un. Mais trois qui, et un quoi ?
L’Église utilise le terme substance (rendu aussi parfois par « essence » ou par « nature ») pour désigner l’être divin dans son unité, le terme « personne » ou « hypostase » pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans leur distinction réelle entre eux, le terme « relation » pour désigner le fait que leur distinction réside dans la référence des uns aux autres, nous explique le Catéchisme de l’Église catholique (N° 252). Non sans avoir prévenu : Pour la formulation du dogme de la Trinité, l’Église a dû développer une terminologie propre à l’aide de notions d’origine philosophique… elle n’a pas soumis la foi à une sagesse humaine, mais a donné un sens nouveau, inouï, à ces termes appelés à signifier désormais aussi un mystère ineffable, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine (N°251).
C’est le principe de l’analogie, c’est-à-dire littéralement d’un « langage montant » : nous sommes invités à nous élever du sens commun des mots vers un sens supérieur et comme inaccessible. Reconnaissant notre nullité devant le Mystère, laissons-le nous porter jusqu’à lui de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre force (Mc 12,33), puisque l’Amour du Père a voulu faire de sa petite créature l’éternel partenaire de sa gloire en son Fils, par la grâce et dans la communion de l’Esprit Saint.
Père Marc Lambret