« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

LE CORPS DONNÉ – commentaire Saint Sacrement

LE CORPS DONNÉ

« Ceci est mon corps donné pour vous » : seul Luc complète ainsi la formule prononcée par le Christ sur le pain qu’il rompt et donne aux Apôtres. Il nous fait ainsi comprendre que le corps eucharistique offert en nourriture de vie éternelle n’est autre que celui qui sera supplicié le lendemain jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi, quand il ajoute immédiatement « Ceci, faites-le en mémoire de moi », il faut entendre là non seulement la prescription de perpétuer le rite ainsi institué, mais encore l’exhortation à donner nous-mêmes notre corps pour les autres. Personne ne communie en vérité si ce n’est dans la foi au mystère pascal du Fils de Dieu livré pour la rédemption du monde, et dans la résolution à suivre son don de soi en vue du salut de tous.

En Marc, nous entendons le Seigneur dire :  « Prenez, ceci est mon corps ». Matthieu complète en : « Prenez et mangez ». La formule élaborée par l’Église pour la consécration retient les éléments des trois synoptiques et y ajoute même un « tous » qui n’est dans les évangiles que pour la coupe : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous ». La version francophone du missel rend donc le simple « donné » par un « livré » plus dramatique, qui traduit fidèlement le latin « tradetur » de l’édition typique et correspond bien aux annonces de sa passion par le Seigneur : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera » (Mc 9,31).

Vraiment, le corps et le sang du Seigneur ressuscité nous sont donnés dans le Saint-Sacrement parce que le Fils de Dieu nous est livré. Cela s’entend de l’incarnation, de la vie entière de Jésus donné de tout son cœur à ses frères humains pour les servir en les enseignant, en chassant leurs démons, en les guérissant, en les appelant à la vie, en les nourrissant, et en supportant leurs fautes, leurs révoltes et leurs péchés jusqu’au sacrifice de la Croix. Nous n’aurons pas trop de l’éternité pour en rendre grâce.

Père Marc Lambret