LE GOÛT DE LA VIE ET DE LA VICTOIRE
« C’est une question de goût », dit-on pour relativiser un sujet de controverse comme si c’était moins important que des matières plus sérieuses. Pourtant, le goût est un sens essentiel par lequel le petit d’homme s’éveille au monde, et qui fera le bonheur ordinaire de ses jours tant qu’il aura celui du pain. C’est aussi plus largement la faculté de juger avec finesse et pénétration de la valeur de bien des réalités, depuis les futiles jusqu’aux plus graves.
Comme tous les bons fruits, ceux de l’Esprit sont délectables pour qui sait en apprécier les secrets : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » donnent leur saveur de bonheur à toutes les circonstances de l’existence, même lorsqu’elles sont voilées d’amertume. Seul l’amateur éclairé qui les éprouve en lui-même, mais aussi en autrui, répond à l’appel du Psalmiste : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».
N’attendons pas d’être parfaits aux yeux des hommes pour accueillir l’Esprit Saint donné pour le pardon des péchés et la sanctification des fidèles. Le Christ n’a-t-il pas aimé, sauvé et envoyé en mission des pécheurs sans attendre qu’ils soient sans faute ? Peu à peu, il fera grandir en nous le goût du bien et le dégoût du mal, ainsi nous serons de plus en plus dignes de son appel, tous et chacun, dans la joie de partager en l’Église la tâche exaltante de l’évangélisation.
Alors nous connaîtrons en nous-mêmes la victoire du Christ sur la mort et le péché. La résurrection du Seigneur ravive en nous le goût de la vie présente, et de tout ce qu’elle offre de bon, de beau et d’exaltant malgré les épreuves et les souffrances. Marchant en ce monde à la suite du saint et bienheureux Jésus Christ nous reconnaîtrons dans les satisfactions et les saintes joies d’ici-bas l’avant-goût du bonheur à venir, celui dont Dieu veut nous combler en lui pour les siècles des siècles.
Père Marc Lambret