Depuis quarante jours, Jésus se dirige vers Jérusalem. Tout a débuté à Césarée de Philippe, aux sources du Jourdain. Pierre venait de reconnaître en lui le Christ (Mc 8, 29), et à ce moment-là Jésus va préparer ses disciples à son Mystère pascal : « Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, et ils le bafoueront, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et après trois jours il ressuscitera. » (Mc 10, 33-34).
Les disciples sont effrayés, ils sont dans l’incompréhension la plus totale, mais ils n’osent pas l’interroger. Pierre avait bien tenté de le faire – d’une manière un peu cavalière il faut reconnaître – et il fut traité de « Satan » par Jésus (cf. Mc 8, 33). Les autres apôtres en restèrent alors là (cf. Mc 9, 32). L’ensemble des évangélistes notent bien la difficulté : ils ne comprennent pas ce que signifie « ressusciter d’entre les morts ». Mais ils sont bien conscients du scandale de la passion, du rejet de la part des hommes du Messie de Dieu, du Fils bien-aimé du Père (Mc 9, 7).
C’est dans cet esprit-là que Jésus et ses disciples arrivent aux portes de Jérusalem. Et là, ce qui va se passer a l’air aux antipodes de ce qui avait été annoncé. Non seulement Jésus n’est pas arrêté, mais il entre de la manière la plus visible possible : c’est une marche triomphale, une reconnaissance de sa venue comme un roi. Nous trouvons un épisode semblable lors du sacre du roi Salomon, le fils du roi David : « Ayant fait monter Salomon sur la mule du roi David, ils le menèrent à Gihôn [c’est la source à l’est de Jérusalem]. Le prêtre Sadoc prit dans le tabernacle la corne d’huile, et il oignit Salomon ; on sonna de la trompette et tout le peuple dit : « Vive le roi Salomon ! » Puis tout le peuple monta après lui. Le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie ; la terre se fendait au bruit de leurs clameurs. » (1 R 1, 38-40).
Jésus entre donc assis sur un ânon, la monture royale en Israël, et la foule l’acclame en déposant soit leurs manteaux, soit des branches sur le chemin. C’est une véritable montée vers le trône de Jérusalem. Les rameaux constituent ainsi l’introduction du sacre véritable du Christ, avant qu’il soit revêtu de la pourpre royale, de sa couronne d’épines, et qu’il monte sur son trône, la Croix. Dans quelques jours, il deviendra pour tous Roi non seulement des Juifs – ce qu’a fait écrire Pilate (Mc 15, 26) – mais du monde entier. C’est lui qui réunira en un seul peuple, sous un seul chef, tous les hommes de la terre.
Entrons maintenant dans cette œuvre de salut !
François Lehégaret o.p.