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Le verbe Méditer traduit généralement l’hébreu haga et, comme celui-ci, il veut dire, fondamentalement, apprendre la Thora et les paroles des Sages, en les prononçant, en général à voix basse, en se les récitant à soi-même, en les murmurant de bouche. C’est là ce que nous appelons « apprendre par cœur » et qui devrait plutôt s’appeler, d’après les anciens, « apprendre de bouche », car c’est celle-ci qui « médite la sagesse » : Os justi meditabitur sapientiam.
Dans certains textes il ne s’agira que d’un « murmure » réduit au minimum, d’un murmure intérieur, purement spirituel. Mais toujours est au moins supposée la signification première : prononcer les paroles sacrées, pour les fixer en soi ; il s’agit à la fois d’une lecture acoustique et de l’exercice de mémoire et de réflexion auquel elle est préalable : parler – penser – se souvenir, sont les trois phases nécessaires d’une même activité ; s’exprimer ce qu’on pense et se le répéter permet de l’imprimer en soi.
Dans la tradition chrétienne comme dans la tradition rabbinique, on ne peut méditer autre chose qu’un texte, et puisque ce texte est la parole de Dieu, la méditation est le complément nécessaire, presque l’équivalent, de la lectio divina.
Conformément au vocabulaire moderne, on peut méditer « dans l’abstrait », pour ainsi dire : pensons aux Méditations de Descartes, ou à tels livres de dévotion où « méditer sur les attributs divins » veut dire y réfléchir, susciter en soi des idées à leur sujet.
Pour les anciens, méditer c’est lire un texte et l’apprendre « par cœur » au sens le plus fort de cette expression, c’est à dire avec tout son être : avec son corps, puisque la bouche le prononce, avec la mémoire qui le fixe, avec l’intelligence qui en comprend le sens, avec la volonté qui désire le mettre en pratique.