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Une tradition de l’antiquité religieuse méditerranéenne, attestée dans les lieux de culte grecs, étrusques et romains, et reprise par la religion populaire chrétienne, est celle des « ex votos». A travers un objet ou un tableau déposé en offrande dans un sanctuaire, le croyant veut laisser une trace concrète pour faire mémoire d’une grâce reçue, voire d’un petit miracle, pour lequel il veut exprimer sa reconnaissance « selon le vœu ». Parfois ces ex votos, confectionnés avec beaucoup de simplicité, voire de naïveté, mais aussi beaucoup de créativité sont tout simplement l’offrande d’une intention de prière ou d’un merci pour un événement ou une parole qui a transfiguré le quotidien et l’ordinaire des jours.
En ce début d’année, où il est d’agréable coutume de s’offrir mutuellement des vœux, j’ai repensé à la tradition des ex votos, en imaginant que toutes ces paroles de bienveillance et d’attention mutuelle échangées en janvier pourraient être exposées sur les murs de notre sanctuaire intérieur, ce temple inviolable de notre conscience et de notre liberté. Pour accéder à cet espace secret de notre âme, le silence, la solitude, et l’intériorité sont de rigueur. Mais plus encore la prière, la méditation, la relecture de vie et la lectio divina en facilitent l’accès.
Je vous souhaite donc pour l’année 2021 de pouvoir accrocher plusieurs ex votos inspirés par nos rendez-vous autour de la Parole de Dieu, de la Liturgie en reprenant des extraits du psaume 118 : « Apprends-moi Seigneur tes commandements… je veux contempler tes voies… j’observerai Ta Parole… montre-moi le chemin de tes préceptes que je médite sur tes merveilles… tu mets au large mon cœur… que tes chemins me fassent vivre… Que vienne à-moi ton Amour… je marcherai librement… Ta Parole est ma consolation dans mes épreuves… Ta parole est la Lumière de mes pas, la lampe pour ma route… » Puissent nos partages autour de la Parole de Dieu, comme les ex votos populaires se revêtir des couleurs de notre vie quotidienne et rejoindre de près, les événements concrets de notre existence ! Puissent-ils donner aux semences du Verbe, la chair de notre propre chair.
En ces mois de pandémie où la prise de conscience collective de notre fragilité et de notre solidarité humaine est devenue quasi universelle, puissions-nous, grâce à notre méditation de la Parole de Dieu, redoubler de zèle pour témoigner de Sa Présence. En effet, loin de nous éloigner les uns des autres, la Parole de Dieu nous pousse au contraire à prendre soin des relations. Elle nous ouvre à une culture d’Alliance et ce, à frais nouveaux : une alliance de fraternité, une alliance enracinée dans la joie d’être sauvé même quand le rictus de la mort pourrait nous décourager.
Il y a quelques jours un ami sans abri me reprenait vertement car il m’avait entendu décrire à un journaliste les gens de la rue comme des gens fragiles : « tu racontes n’importe quoi ! On n’est pas fragiles… au contraire on est forts. Toutes nos épreuves nous ont rendus plus forts… regarde les autres couches de la population… l’incertitude du lendemain, le risque d’être malade et les voilà à plat ventre ; nous on reste debout ».
Les pauvres sont nos maîtres. Puissions-nous en 2021 inventer les ex votos qui rendent grâce de la force d’aimer : des ex votos qui illustrent l’espérance chevillée au corps des artisans de fraternité, des ex votos pour redire notre foi que toutes nos fragilités et nos misères sont rejointes par la force même de Dieu et nous rendent la joie d’être sauvés.
Bonne et sainte année à tous les ami(e)s du réseau d’ecclesiola. Vos visages sont mes ex votos.
Diacre Gilles Rebêche