« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

Chronique COVID – 2 et 3 mai 2020

Deux maraudes samedi et dimanche composées de bénévoles de Jéricho et de Toulon Solidarités 83, ont permis de garder ce rendez vous quotidien auprès des amis de la rue, relayés par les bénévoles de Malte. Plusieurs d’entre nous se mettent à rêver qu’après le confinement on saura prendre le temps de réunir encore toutes ces maraudes qui avaient perdu l’habitude de travailler ensemble et qui grâce à la crise sanitaire ont appris à se connaître, à s’apprécier et à trouver fructueux le partage de leurs expériences.

Pour ma part, j’ai couru ce soir chez Hichem et Radhia, un couple de demandeurs d’asile qui confectionnent bénévolement des masques, suite à l’appel du maire de Toulon à la solidarité citoyenne. Ils voulaient m’en donner un lot pour les bénévoles des maraudes ! Une générosité très touchante.

J’ai rejoint ensuite l’hôtel Alba Flora à Solliès-Pont où nous avons improvisé une petite célébration très œcuménique pour permettre aux résidents de se recueillir ensemble en mémoire de Christophe décédé il y a trois jours, et dont le corps est parti chez le médecin légiste. Après un tel choc émotionnel qui pouvait faire partir en vrille plusieurs résidents, ce temps de recueillement fut comme un baume pour les cœurs endoloris. Chacun a pu dire un merci et un pardon, souvent à mi voix, en éclairant un lumignon. Tous les résidents (Chrétiens, musulmans, agnostiques) et même le personnel étaient présents comme pour exorciser le malheur. Le plus émouvant fut lorsque Julien, le colocataire de Christophe, qui avant d’être à l’hôtel logeait avec lui sous tente dans les abords de la préfecture, prit la parole en public : « je vous dis Merci au nom de Christophe d’être là ce soir, merci pour le respect pour lui et sa mémoire… il faut continuer à y croire ! »

On s’est quitté heureux d’avoir vécu ce moment unique dans une grande simplicité et sobriété, à l’image de la pudeur et de l’intériorité de tous ces hommes et ces femmes qui encaissent bien des difficultés dans leur vie sans trop savoir comment exprimer leur ressenti, et encore moins le ritualiser. C’est pourtant dans ces moments que la dignité humaine à fleur de peau est la plus belle !

 

Gille Rebêche, diacre
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