« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

Aux origines de 2 chants d’André Gouzes: le Ubi Caritas grégorien


Le chant Ubi Caritas est attribué sans aucune certitude à Paulin d’Aquilée (VIIIe s.). Il est largement répandu dès le IXe s. pour le rite du lavement des pieds mais pas exclusivement.
Ce rite est également appelé « Mandatum » à cause de l’antienne qui le précède : « Mandatum novum do vobis : ut diligatis invicem sicut dilexi vos dicit Domine » (Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés dit le Seigneur).

C’est à l’origine une séquence (chant de procession faisant alterner deux chœurs ou les deux côtés de la communauté).
Ce n’est qu’à partir du Concile de Trente au XVIe s. qu’il sera réservé exclusivement au seul rite du lavement des pieds.

Au cours des siècles, le rite du lavement des pieds a perdu sa substance, ne se faisant qu’à un nombre réduit de membres du clergé et hors de la liturgie même du Jeudi Saint.
Avec la réforme de Pie XII qui rétablit entre autres, la Messe de la Cène en soirée (1955) ainsi que la Vigile Pascale dans la nuit (1951) le lavement des pieds, pour des motifs pastoraux, peut se faire à l’intérieur de cette même messe, après l’homélie et n’est plus exclusivement réservé aux membres du clergé (reprenant ainsi les traditions des origines).

La version actuellement la plus courante du Ubi Caritas comprend trois séries de versets mais à l’origine, elle en comptait beaucoup plus (on en trouve 9 couplets dans un manuscrit franciscain du XIVe s.).
En voici la traduction :
Où sont la Charité et l’Amour, Là est Dieu.
1.
L’Amour du Christ nous a réunis en un seul corps.
Exultons et réjouissons-nous en Lui.
Craignons et aimons le Dieu vivant.
Aimons-nous les uns les autres d’un cœur sincère.

2. C’est pourquoi, étant rassemblés dans l’unité,
Gardons-nous de la discorde.
Que cessent les mauvaises querelles, que cessent les disputes.
Afin que le Christ Dieu soit au milieu de nous.

3. Puissions-nous également, tous ensemble,
Dans ta gloire, ô Christ Dieu,
Voir avec les bienheureux ton Visage :
Joie immense et vraie pour les siècles sans fin !

C’est ce même thème que nous retrouvons dans deux chants d’André Gouzes :
-Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères (K 813, Liturgie de Carême)
-Voici mon commandement (L 611, Liturgie de la Semaine Sainte)

En voici les refrains :

Il est étonnant que ce thème musical ait très peu inspiré les compositeurs au travers des siècles. Nous en avons néanmoins une très belle version harmonisée par Maurice Duruflé (XXe s.).
Dans l’exemple musical ci-dessous, on pourra entendre des extraits du chant d’origine et ses adaptations par André Gouzes.
Puissent ces chants de l’Amour nous aider à marcher dans les pas de nos prédécesseurs à la suite du Bien-Aimé !