« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

Chronique COVID – 20 avril 2020

Chronique du 20 avril 2020

Il y a juste un mois le 20 mars j’inaugurais « ces chroniques des confinés de la rue » pour rendre compte modestement mais avec émerveillement de toutes les initiatives observées depuis le centre-ville de Toulon pour servir la fraternité avec les plus fragiles.
Je les ai interrompues pour les fêtes de Pâques et leur octave, histoire de laisser à chacun le temps de faire ses marques dans les hôtels de confinement «réquisitionnés » par les services de l’état pour mettre à l’abri ceux qui le souhaitaient.
Pendant ces 10 jours une belle symphonie de la solidarité s’est mise en musique autour de ces hôtels grâce aux bénévoles de tous bords qui ont répondu présents tout en poursuivant les maraudes pour la soixantaine d’irréductibles refusant ces hôtels : Jericho, Archaos, Malte, Toulon Solidarités 83, Promo soins, le Lien 83, l’étoile d’un soir, Pas sans toit, Amities cités, l’UDV, le Secours Catholique, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, Coiffure du cœur … et tant d’autres.
Mais aussi la Marine nationale, la Métropole TPM, le CCAS, le Département, le SIAO ont réappris à se connaître et à vouloir travailler ensemble en respectant l’originalité de chacun.
On peut remercier nos amis de la rue d’être des facteurs d’unité et des médiateurs de l’action sociale : encore faut-il les écouter et ne pas tout décider à leur place !
Ce temps de confinement à l’hôtel est ainsi pour certains l’occasion de mettre à jour leurs dossiers administratifs, leur recherche de logement. Plusieurs professionnels de l’action sanitaire et sociale se sont mis à leur service pour activer ces démarches (domiciliations, DALO, médiation familiale …) : bravo à tous !
Tout n’est pas rose dans ces hôtels : il y a eu d’inévitables tensions, et même des conflits qui ont provoqué des départs.
La mise à l’abri n’est pas la réponse à tout mais il faut reconnaître que nous n’imaginions pas il y a quelques semaines être capables tous ensemble de relever un tel défi. Car au même moment le coronavirus restait présent dans toutes les têtes … provoquant chez certains des angoisses incontrôlées.
Ce dernier week end, les Soeurs brésiliennes, présentes dès le départ de notre aventure nous ont donné quelques émotions : la fièvre, les problèmes de respiration faisaient craindre le pire. Heureusement avec le soutien du 15, des médecins, et de leur bon moral soutenu par leur vie religieuse elles affrontent joyeusement leur total confinement forcé.
On a trouvé aujourd’hui, pour relayer leur action, un nouveau point relais au centre-ville comme base arrière des maraudes à la rue jean Aicard à l’aumônerie ND de la rue animée par le frère Jean Mathieu.
Bien sûr on continue d’être prudents, de porter gants et masques et de respecter tous les gestes barrières. La prévoyance et le sens des responsabilités n’empêchent pas de garder l’humour. A un donneur de leçon très angoissé de nous voir poursuivre les maraudes je n’ai pu m’empêcher de rappeler une répartie de Fernandel dans le film Nais. Il disait d’un de ses amis hypocondriaque :« celui-là il est tellement angoissé d’attraper une maladie, qu’il serait capable en traversant la vigne d’attraper le phylloxera ! » Le plus grave serait d’attraper, en ces temps particuliers, la sinistrose et le découragement. Heureusement nous semblons tous assez bien immunisés de ces deux risques ! Aussi, on continue avec enthousiasme. Gilles

 

Gille Rebêche, diacre
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