distinguer LA SAINTETÉ PAR-DELÀ LE VÊTEMENT
Sans doute, l’habit ne fait pas le moine ; mais il y contribue. Porter l’uniforme dispose le représentant de l’ordre à se montrer digne de sa responsabilité. Certes, des soldats ou des policiers profitent parfois de leur force pour satisfaire leurs plus bas instincts. Mais, hélas, des moines aussi, et des religieux, ont caché sous le vêtement édifiant de l’habit et de la prédication pieuse une âme en désordre livrée à ses pulsions impies. Ceux-là ont fait beaucoup de mal à beaucoup de gens.
La transfiguration en Marc est affaire de vêtements : ceux de Jésus deviennent « d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille ». Bibliquement, le blanc évoque la tenue des prêtres reflétant la sainteté du Dieu qu’ils servaient au Temple. Pour les prêtres, nous l’avons dit, l’apparence était parfois trompeuse, comme pour ces scribes et pharisiens hypocrites que le Seigneur traitera de « sépulcres blanchis ».
Pour Jésus aussi, l’apparence fut trompeuse : Il semblait un homme ordinaire à ses « pays », il passa pour un « glouton et un ivrogne » auprès de ses détracteurs et, surtout il se laissa arrêter, puis infliger un supplice qui le réduisit à « n’avoir plus figure humaine ». C’est la perspective de ce drame qui le conduit à apparaitre, devant trois témoins choisis, dans la splendeur de la sainteté divine même, cette blancheur qui est du ciel et non de la terre.
À ce spectacle, ils ne comprirent pas grand-chose. À celui de la Passion non plus, puisque le troupeau fut dispersé quand le pasteur fut frappé. Mais par la suite, en superposant les deux scènes, ils virent que, là où les hommes réduisaient Jésus en spectacle d’horreur et de réprobation, Dieu donnait en fait le Fils en offrande de sainteté et de rédemption. Sachons, comme eux et la Vierge Marie, tout retenir de Dieu en notre cœur pour distinguer le juste en temps voulu.
Père Marc Lambret