« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

L’ODEUR DES BREBIS ET LA GLOIRE DU PASTEUR – commentaire 4ème dimanche de Pâques

L’ODEUR DES BREBIS ET LA GLOIRE DU PASTEUR

Dans le style très concret auquel nous sommes maintenant habitués, dès les débuts de son pontificat le pape François exhortait les pasteurs à « prendre l’odeur des brebis ». Point besoin d’une exégèse savante pour comprendre qu’il s’agissait de les encourager à s’immerger dans le peuple de Dieu à eux confié, en partageant dans une large mesure ses conditions de vie matérielles. Nous l’avons entendu par la suite à bien des reprises mettre en garde cardinaux, évêques et prêtres contre la mondanité spirituelle et le cléricalisme, et même dénoncer chez eux la tentation de profiter d’un statut particulier et privilégié.

Beaucoup n’ont pas vu cette insistance d’un bon œil, ni écouté d’une bonne oreille ces instructions. Il est permis de critiquer toute autorité en ce monde, et le pape aussi : lui-même y a d’ailleurs plusieurs fois encouragé les fidèles, voire les infidèles. Toutefois, il est difficile de nier l’enracinement évangélique de ses accents de correction rigoureuse. Jésus aujourd’hui ne prend pas de gants pour disqualifier le « berger mercenaire » qui abandonne le troupeau et s’enfuit : « les brebis ne comptent pas vraiment pour lui ». Une certaine spiritualité de « la mise à part » des prêtres serait de ce point de vue à revoir.

Bien sûr, la clef de cet engagement corps et âme du pasteur dans le service des ouailles, c’est le don de sa vie pour elles. En cela aussi Jésus est parfaitement exemplaire, ainsi qu’il le proclame solennellement à la fin de notre passage en Jean. À vrai dire, qui donc d’autre que lui pourrait affirmer qu’il a le pouvoir de donner sa vie, et aussi celui de la recevoir à nouveau ? Qui de nous, pauvres hommes, est vraiment ainsi maître de sa propre vie ? Mais justement la gloire du Fils de Dieu est que les hommes vivent en lui. C’est de ce pouvoir sacré, et non d’eux-mêmes, que les prêtres sont témoins et ministres pour tous.

Père Marc Lambret