« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

“Voici maintenant le temps favorable” 2 Cor 6,2

BRÈVE INTRODUCTION AU CARÊME

Le temps du carême s’est peu à peu imposé dans la liturgie des Églises, au moins à partir du IVe siècle. Déjà les catéchèses de Cyrille de Jérusalem (ou de Jean II) (IVe siècle), ainsi que la pèlerine Égérie, qui d’Espagne se rendit, dans les années 380, en Terre sainte et à Jérusalem en particulier, en attestent l’existence comme temps de préparation au baptême qui, lui, se célébrait à l’aube de Pâques et était suivi, durant la semaine pascale, de catéchèses « mystagogiques » où étaient expliqués aux catéchumènes les rites qui avaient accompagné leur baptême et le mystère eucharistique auquel ils avaient participé pour la première fois.

Peu à peu la liturgie se construisit et, avant la réforme du concile du Vatican II, les lectures évangéliques des dimanches du carême étaient chaque année, pour l’Église romaine, les suivantes :
1er dimanche : les tentations de Jésus (Mt 4,1-11) ;
2e dimanche : la transfiguration (Mt 17,1-9) ;
3e dimanche : Jésus libère un homme d’un démon muet (Lc 11,14-28) ;
4e dimanche : la multiplication des pains (Jean 6,1-15) ;
5e dimanche (Passion) : le conflit avec les juifs sur les vrais descendants d’Abraham (Jn 8,46-59) ;
6e dimanche (Rameaux) : Passion selon s. Matthieu (Mt 26,1-27,66).

Au concile du Vatican II les Pères conciliaires souhaitèrent un enrichissement du lectionnaire. On introduisit donc un cycle de trois ans pour les lectures du dimanche et de deux ans pour celles des eucharisties fériales. Pour les dimanches du carême, on chercha, tout en conservant la ligne tracée par les deux premiers dimanches : des tentations à la transfiguration, de restituer, lors des trois dimanches suivants, un cheminement catéchuménal dont on trouva assez facilement les étapes, pour l’année A, dans l’évangile selon Jean, avec ses trois grands récits de la Samaritaine (Jn 4), de l’aveugle-né (Jn 9) et de la résurrection de Lazare (Jn 11).

Il n’était pas facile de trouver un parcours analogue pour les années B et C. Pour l’année B, les évangiles choisis suivirent un itinéraire christologique présentant le Christ comme véritable temple de Dieu, (Jn 2,13-15), symbolisé jadis par le serpent de bronze (Jn 3,14-21), et grain de blé, jeté en terre, mourant et produisant du fruit (Jn 12,20-33). Pour l’année C – celle qui aujourd’hui nous intéresse plus particulièrement –, les lectures de ces trois dimanches suivent un parcours pénitentiel allant de la conversion à la réconciliation. On y rappelle qu’un délai est laissé pour se convertir (Lc 13,1-9), puis la grande miséricorde du Père (Lc 15,11-32) et l’affirmation enfin qu’en Christ notre misère rencontre la Miséricorde en personne (Jn 8,1-11).

En outre le lectionnaire, qui jadis ne prévoyait, en plus de l’évangile, qu’une lecture tirée des épîtres, fut enrichi pour chaque dimanche d’un texte de l’Ancien Testament (qui rappelait les grandes étapes de l’histoire du salut, de la création au retour d’Israël de l’exil) et d’un autre tiré des épîtres néotestamentaires. De cette manière, chaque dimanche offre un copieux repas de textes bibliques qui compense largement les restrictions alimentaires et la sobriété recommandées en ce temps de préparation à la Pâque du Seigneur, rappelant ainsi que « ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (Mt 4,4).

Même si les réflexions qui seront proposées ces prochains dimanches se limiteront aux évangiles, il vaut la peine de leur adjoindre, dans notre méditation, les deux autres lectures qui souvent ajoutent d’autres sens possibles au texte évangélique.
À tous les lecteurs je souhaite un carême de lumière, lente montée vers la joie de Pâques, joie dont le monde, tout comme chacun de nous, a un urgent besoin en ces temps de sombres nuées…

Fr. Daniel