La vocation de l’Eglise dans une société moderne
Ce texte est tiré du dernier livre du cardinal Cardinal Joseph de Kesel, Archevêque de Malines-Bruxelles. L’auteur fait le même pari que le pape François face aux phénomènes contemporains – déjà anciens – de la sécularisation, de l’indifférence religieuse et de l’affaiblissement institutionnel : ce n’est pas une culture de la confrontation ni par une tentative de revival d’un passé révolu que le christianisme peu retrouver de l’audience et des couleurs en Europe, sinon il risque de s’isoler et de se couper du monde. Le salut de la mission universelle de l’Eglise dépend plutôt de son aptitude à faciliter une culture de la rencontre et du dialogue avec tous ceux qui veulent humaniser la société moderne et refusent la marginalisation de la religion de la sphère publique.
Un extrait du livre :
« Dans la période pré-constantinienne, la croissance et la propagation du christianisme ne sont pas le résultat d’un plan stratégique de mission, mais de sa présence rayonnante et de sa visibilité. Dans les circonstances actuelles, dans une culture sécularisée, l’Église et ses communautés doivent soigner l’authenticité de leur vie de foi et de leur mission comme Eglise, conscientes que c’est de cette manière qu’elles peuvent rayonner vers l’extérieur et toucher des personnes. C’est une erreur de croire qu’elles ne doivent pas attacher beaucoup d’importance à la pastorale intra ecclésiale afin de consacrer plus de temps et d’énergie pour aller vers l’extérieur et convaincre d’autres au loin. Que signifierait annoncer à d’autres et comment convaincre d’autres, s’il n’est pas possible de faire référence à des lieux où ce qui est annoncé est effectivement vécu, même de façon imparfaite ? Il n’est pas exact de croire que nous sommes d’une part l’Eglise, le peuple de Dieu et le Corps du Christ, et que d’autre part, nous avons pour mission d’être sacrement pour le monde. C’est précisément en étant Eglise que nous sommes sacrement pour le monde. C’est en raison de ce qui se vit à l’intérieur de la communauté qu’elle peut être signifiante à l’extérieur […]
Que pourrait être la vocation de l’Eglise dans notre société qui a tellement changé ? Une Eglise humble, vivant dans la diaspora. Une Eglise fidèle à sa foi, sans complexe et sans arrogance. Mais aussi une Eglise ouverte, solidaire des interrogations et des défis, des joies et des peines des hommes de notre temps. Une Eglise et des chrétiens qui s’engagent pour une société plus humaine, pour les pauvres et les plus démunis de cette terre, pour ceux qui, malgré le progrès et l’émancipation qui sont des fruits de la modernité, ne comptent pas et sont victimes de l’indifférences. Une Eglise qui rayonne avant tout de joie, de la beauté de la foi et du bonheur de pouvoir vivre dans la simplicité de l’Evangile[1]. »
[1] Foi et Religion dans une société moderne, Salvator, Paris, 2022, pages 110 et 114