L’épisode des vendeurs chassés du Temple est des plus frappants (1). Jésus s’y montre sous un jour inaccoutumé, maniant le fouet et renversant les tables. Pourquoi se départir de la douceur qui le caractérise si bien, sinon pour une raison capitale, comme la peine qui va être prononcée contre lui par les grands-prêtres, puis par le préfet romain à qui ils le livreront ? C’est sa propre mort qu’il prophétise ainsi, indiquant qu’elle mettra fin au régime de la Loi ancienne et du Temple tombé en « maison de commerce ». Le corps du Ressuscité deviendra la vraie « Maison du Père » pour toutes les Nations.
La rencontre de Jésus avec la Samaritaine (2) est un épisode si riche de l’évangile de Jean qu’il peut être imprudent de lui chercher un centre unique. Par rapprochement avec ce qui précède, risquons-nous quand-même à le trouver dans la phrase : « L’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité ». Jésus vient de préciser que ce ne sera plus « ni sur cette montagne ni à Jérusalem » qu’il faudra aller pour adorer. Là, déjà, se trouve donc prophétisée cette « heure » du Fils de l’homme. Là, son mystère pascal fait passer l’Alliance de ce qui ne peut que vieillir à une nouveauté éternelle.
L’ancien commandement du Sabbat, gardé pieusement par le Peuple au long des siècles comme résumant en pratique toute la Loi, malgré son caractère obscur, trouve enfin son sens et son accomplissement dans la Pâque du Fils. Il ne fut jamais question de « repos » de Dieu au sens d’une reprise de forces après l’effort (comme si le Puissant en eût jamais besoin !) mais du fait qu’il s’est posé en sa Création pour la sauver, jusqu’à l’incarnation du Fils, et jusqu’à cette heure des ténèbres où il fut arrêté. Mais les ténèbres n’ont pas arrêté son passage de ce monde à son Père.
Père Marc Lambret
(1) Jean 2,13-25 : évangile de ce 3ème dimanche de Carême, Année B
(2) Jean 4,4-42 : évangile de l’Année A pris avec les catéchumènes