UNE TRISTESSE LUMINEUSE
Jésus posa son regard sur lui et l’aima. La rencontre est bouleversante. Un homme est venu s’agenouiller devant le Christ et le regard aimant de Dieu a plongé au plus profond de son être. La question que cet homme dépose aux pieds du Verbe fait chair, est chargée à la fois d’un immense désir mais aussi d’une inquiétude fondamentale, celle qui taraude le cœur de tout Homme : Serai-je sauvé ? Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? Pourtant, cet homme de bien aurait tout pour être rassuré. Il connaît les commandements en les mettant en pratique et sa richesse n’est-elle pas aussi signe de félicité à la façon dont le Seigneur a pu bénir en son temps le roi Salomon (1 R 10, 23). Le Christ ne le laisse pas dans une illusion sur lui-même, mais lui ouvre une fenêtre d’infini : vends tout et suis-moi. Tu ne gagneras pas le Royaume en tentant de le monnayer, mais en te laissant façonner par moi. De la satisfaction d’un devoir accompli, je te conduis à la plénitude du bonheur enfin partagé. Mais pour cela tu dois mourir à tout ce que tu crois posséder. La tristesse de l’homme en réponse immédiate peut nous décevoir. Léon Bloy dirait « qu’il n’y a de tristesse que de n’être pas des saints ». Pourtant cette tristesse n’est-elle pas déjà signe d’une vie retrouvée, passage qui conduit vers la vraie Joie du Royaume ? La conversion est « tristesse radieuse » selon l’expression d’Alexandre Schmemann. L’homme de l’Evangile a vu dans le regard du Maitre la lumière de la Résurrection. Il sait désormais que « rien n’est impossible à Dieu ».
François Meusnier