« Le Christ, notre Pâque ! » (1 Cor 5,7)

OÙ EST LA SURPRISE DE PÂQUES ? – commentaire 2ème dimanche de Pâques

OÙ EST LA SURPRISE DE PÂQUES ?

Plus 31% d’adultes et d’adolescents baptisés cette année, c’est assurément un grand motif de joie. Mais cette hausse continue depuis des décennies correspond à la baisse de la proportion de baptisés enfants dans les classes d’âge correspondantes. Autrement dit, les adultes de tradition catholique non baptisés sont de plus en plus nombreux chaque année ; et donc aussi parmi eux ceux qui peuvent « retrouver » le chemin de l’Église.

Qu’il existe encore des lieux accueillants et attirants pour eux, il y a là encore de quoi se réjouir grandement. Mais c’est l’inverse qui serait vraiment étonnant. La force d’attraction du Christ présent dans les fidèles qui célèbrent et vivent la foi que suscite le témoignage de l’Écriture, est la même depuis la Pentecôte. C’est elle qui a conquis les cœurs dans le monde entier jusqu’à aujourd’hui, et non quelque idéologie ou stratégie de communication d’inspiration mondaine.

Que nos communautés sachent recevoir les nouveaux venus, leur donner toute la place qu’ils leur faut, et se laisser renouveler par ce qu’ils apportent de neuf, c’est la moindre des choses pour des chrétiens. Mais le stupéfiant est que l’Église ait pu, dans nos pays de vieille Europe, sembler se figer dans des formes de traditionalisme nationaliste d’où l’Évangile, avec sa force révolutionnaire propre et inaltérable, aurait été expulsé.

Il est devenu bien vu de faire mérite à Thomas de ses exigences, voire de ses doutes, comme si la leçon du texte n’était pas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Avons-nous besoin de tels « bons chiffres » pour nous rassurer ? Ce serait navrant et vraiment surprenant. Surtout, l’illusion conduirait inévitablement à la déception. Notre espérance est bien plus ambitieuse et reste ancrée dans un fondement autrement plus ferme : la Parole qui demeure et fructifie. Car « les grains tombés dans la bonne terre ont produit trente, soixante, cent, pour un » (Marc 4,8).

Père Marc Lambret